Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

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Ce fut un triomphe pour la convention que d’avoir à déclarer la guerre à trois puissances à-la-fois, à l’Angleterre , la Hollande et l'Espagne ; à l'Angleterre, Puisqu’elle se déclarait elle-même; à la Hollande, parce que, sous l'autorité dn stathouder , elle était soumise à l'Angleterre , et même à la Prusse; et enfin à l'Espagne, afin d’avoir plutôt dans cette puissance un ennemi déclaré qu'un ennemi secret. Ces manifestes furent appuyés d’un seul décret, d’une seule mesure : une levée de trois cent mille hommes fut ordonnée.

Dumouriez avait quitté Paris peu de jours après la mort du roi, le cœur navré, l'esprit incertain. Il revenait parmi les Belges , humilié d’avoir si vainement intercédé pour leur indépendance. Les comités et ce qu’on appelait alors le gouvernement lui ordonnèrent d’aller conquérir la Hollande, et d'y faire une révolution, dont les élémens existaient déjà depuis plusieurs années : c'était là ce que Dumouriez, en général prévoyant, redoutait le plus , et ce qu’il avait tâché de prévenir par des négociations que le conseil exécutif avait entreprises , d’après ses avis , avec l’Angleterre et la Hollande. Il s'agissait de prévenir ou de retarder du moins une rupture. Le négociateur français, en débarquant à PDouvres , trouva l'ordre de se rembarquer sur-le-champ. On avait appris à Londres la mort du roi. Il est aisé de comprendre combien une diversion sur la Hollande exposait l'armée francaise.

Le général Clairfait, avec une habileté reconnue des militaires, après avoir abandonné la défense de la Meuse , avait su se maintenir derrière la Rhoër.

L'armée française était fatiguée de le harceler inutilement ; elle était dans une situation déplorable : pillée par d'innombrables commissaires , elle pillait à son tour les habitans du pays conquis, et vivait au milieu de leurs haînes. Les rigueurs de la saison et celles du besoin la consumaient chaque jour. Les soldats semblaient satisfaits d’avoir vaincw une fois, et ne songeaient plus à vaincre. L'armée autrichienne , de son côté , oubliait sa défaite. Chaque jour elle recevait de puissans renforts. Le cabinet de Vienne n'avait jamais montré plus d’activité ni plus d’ambition. 11 mettait à la tête de son armée des Pays-Bas le prince de Saxe-Cobourg , qui avait illustré son nom dans la guerre de l’empereur Joseph II contre les Tures. De son côté, ie roi de Prusse agissait, et commençait à réparer la honte de ses armes: il venait de chasser Gustine de Francfort, après un combat où un excès de sécurité de notre part avait

donné mille avantages à la tactique allemande ; il investiss —