Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

52 CONVENTION

sait Mayence. D'un autre côté, le général Bournonville;, avant d'entrer au ministère de la guerre , avait échoué com plétement dans une expédition tentée sur l’électorat de Trèves. Une partie de son armée avait subi une mort cruelle dans les neiges. Ce mauvais succès avait été d’autant plus douloureux, que ce général, se conformant un peu trop à l'esprit du jour, avait annoncé l'issue d’une première bataille, dans laquelle les Autrichiens avaient, disait-il, perdu près de quinze cents hommes , et nous un seul soldat blessé. Il faut bien ajouter encore la circonstance du récit officiel qui prêta tant au ridicule : ce soldat n’était blessé qu’au petit doigt. Deux de nos armées , celle du Rhin et celle de la Moselle, se trouvaient déjà sur la défensive, et toutes deux dans une position alarmante : celle du Nord, commandée par Dumouriez, pouvait aider à les dégager ; mais on lui ordonnait de se porter avec une partie considérable de ses forces sur un autre point, la Hollande. Dumouriez se résigna à la nécessité de tenter une conquête qu’il jugeait, sinon impossible, du moins dangereuse; il en traça le plan, à ce qu'il rapporte , avec autant de résolution et d’audace que si elle eût été selon ses vœux. Ce serait, je pense, une recherche prématurée que d’examiner ce qui se passait alors dans l'ame de Dumouriez. Quoiqu'il soit difficile de lui refuser de l'étendue , et quelquefois de la justesse dans les conceptions , il agissait moins suivant ses desseins long-temps prémédités que par saillies, L’indifférence avec laquelle la convention , et Paris même, venaient de le recevoir , devait modérer en lui l'espoir de régler les destins de sa patrie. Enfin , quels que fassent ses projets, il fallait qu’il réveillât le souvenir si promptement effacé de sa gloire par de nouveaux triomphes. Que pouvait-il entreprendre , s’il ne s’assurait mieux du cœur de ses soldats ? Il eut bientôt à réjouir la convention, c’est-àdire ses plus mortels ennemis, d’un succès qui semblait promettre une facilité inespérée dans la conquête de la Hollande. La ville de Bréda venait de se rendre à lui avec un peu plus de précipitation et de lcheté que la ville de Longwi ne s'était rendue aux Prussiens. Cette place de guerre , assez renommée, avait une forte garnison, beaucoup d’artillerie ; elle était approvisionnée. Les Français venaient d’y jeter, avec peu d'effet, quelques bombes , et songeaient à se retirer , lorsque le gouverneur offrit de capituler. Klundert et Gertruidemberg n'opposèrent pas plus de résistance. La facilité de ses succès annonçait que le parti opposé au stathouder appelait de tous ses vœux l'invasion. Dumouriez , d’un autre côté, bloquait Berg-Op-Zoom ; il se préparait