Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

54. CONVENTION

les protéger. Il circula à Paris une lettre de lui, dans laquelle il menaçait les députés jacobins de la vengeance de son armée , s'ils osaient attenter à la liberté et à la vie de leurs collégues. Cette manière de se déclarer n’était qu’une assez froide imitation de la lettre que Lafayette avait écrite sans succès , l’année précédente , à l’assemblée législative. H semblait qu’elle dût exposer Dumouriez à un ressentiment plus violent encore ; Danton et Lacroix eurent assez de puissance , et, ce qui peut étonner encore davantage ; une fidélité de parti asssez intrépide pour suspendre la colère des jacobins. Danton demanda qu’on lui remît la surveillance de Dumouriez. Il partait pour la Belgique ; il promettait ou d'amener le général à un prompt repentir de son imprudente déclaration , ou de l'amener à Paris pieds et poings liés, c'étaient ses expressions. Sans doute cette espèce de dévouement de Danton peut faire supposer une intrigue concertée entre Dumouriez et lui : mais lequel des deux trompait l’autre ?

C'était le succès d’une bataille qui allait décider si Dumouriez était coupable ou non. Il s’approcha avec la plus grande diligence de l’armée fugitive ; elle le salua comme un libérateur. Un sentiment d’audace et d'honneur parut rentrer dans les ames. Dumouriez crut à cet enthousiasme qu'avait produit son arrivée ; il voulut en profiter sans retard, et un combat assez vif s’engagea auprès de Tirlemont ; il fut à l’avantage des Français; favorable, mais trompeur augure de la bataille décisive qui allait se donner : elle eut lieu le 18 mars , près du village de Nervinde, dans ce même lieu où les Francais, conduits par le maréchal de Luxembourg, remportèrent une victoire qui leur coûta tant d’efforts et de sang. En voici le récit, dont les principales circonstances sont tirées des mémoires de Dumouriez.

« Le 18, entre sept et huit heures du matin, l'action » commença; toutes les colonnes s’ébranlèrent à-la-fois , » et passèrent la rivière-sans obstacle. Le général Lamarche » se porta d’abord dans la plaine de Lauden; mais, n’y » trouvant pas d’ennemis , il se joignit à la seconde co» Jlonne, qui attaquait avec vigueur la tombe de Midie» vinde, et qui bientôt emporta ce poste à la baïonnette. » La troisième colonne , favorisée par la division du due » de Chartres, chassa les Impériaux de Nervinde, après » une résistance opiniâtre, pendant laquelle quelque con» fusion se mit parmi les colonnes assaillantes. Dans ce mo» ment de désordre, la cavalerie impériale, débouchant dans la plaine entre Nervinde et Midlevinde, chargeait » la cavalerie francaise , à la tête de laquelle combattait avee

>