Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

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«dévoiler subitement ses projets à de tels hommes f Dumouriez, à leur aspect, nesesentitpas prévenu d’un mouvement de confiance, que leur figure et leur langage repoussaient également; mais ce fut l'excès même de son mépris qui le fit se trahir. Ileut avec eux un long entretien dans lequel, toujours dédaignant eux, leur mission, ceux qui les envoyaient, il leur fit part de tout ce qu'il voulait opérer en France, sans même dissimuler le rétablissement de laroyauté. Rien ne put contenir la fougue indiscrète du général ; il parla de la convention avec horreur; il n’y voyait que 745 tyrans, tous régicides ; il ne ménageait pas plus le parti opprimé, dont quelques jours auparavant il avait embrassé la cause. « Point de paix pour la France, ajou» tait-il,sion ne détruitcette convention : tant que aurai qua » tre pouces de fer, je ne souffrirai pas qu'elle règne et verse le » sang avecletribunalrévolutionnaire qu’elle vient de créer.» Les trois commissaires se firent un jeu d'irriter de plus en plus la colère de Dumouriez, puisqu'elle lui inspirait de tels aveux: ils ui proposèrent, avec une apparente stupidité, de remplacer la convention par la société des jacobins. Il éclata à cette proposition insensée. Du méprisdes jacobins il passa au mépris de la république. — « C'est un vain mot; j'y ai cru trois jours. » Depuis la bataille de Jemmapes, j’ai regretté tous les succès » que j'ai obtenus pour une si mauvaise cause ; mais il faut » sauver la patrie en reprenant la constitution de 179r et un » roi.—Y songez-vous, général ? reprit un des commissaires; » les Français ont en horreur la royauté, et le seul nom de » Louis, — Eh! qu'importe qu'il sappelle Louis, Jacques ou » Philippe ? — Mais votre projet compromet le sort des pri» sônniers du Temple. — Le dernier des Bourbonsserait tué, » même ceux de Coblentz, que la France n’en aurait pas » moins un rois etsiParis ajountait ce meurtre à ceux dont il » s’est déjà souillé, à l'instant je marcherais sur Paris. »

On rougirait de rapporter, comme pièce historique, un tel entretien, si Dumouriez ne fût convenu que larelation de Proly, Pereira, Dubuisson étaitassez exacte, à quelques circonstances

rès. Il s'excuse, sur la véracité tranchante de soncaractère,d’un écJat si prématuré. Il oublia cet entretien avec la même facilité qu’il s’y était abandonné; il laissa partir ces trois commissaires, qui vinrent en toute diligence avertir laconvention du sort que Dumouriez lui préparait. ,

Cependant il négociait avec les généraux autrichiens. D’abord il se crut obligé de garder du mystère. Il obtint une suspension d'armes : sonarmée en sentit avec reconnaissancetous les avantages; maiselle en ignorait encore les conditions. Dumouriez resta quelques jours à Tournay : sesentrevuesdevinrent plus longues et plus fréquentes avec le général Mack; ils

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