Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

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n’eurent pas de peine à s'entendre. Dumouriez, déjà sûr d’être

roserit dans sa patrie, voulait à tout prix s’assurér un refuge. Fe prince de Cobourg espérait trouver dans les périls et dans le désespoir du général ennemi l’accomplissement de tous les vœux de la coalition. Il résulta deleuraccord quela constitution de 1791 dévait être de nouveau offerte aux Français : l’un et l'autre publièrent bientôtdes manifestes où elle était proposée. On ne savait si on devait s'étonner le plus de voir cette constitution invoquée par Dumouriez ou par le général autrichien; mais la constitution de 0 reconnaissait ou plutôt supposait ün roi, Qui serait ce roi ? Il est probable que Dumouriez et le prince de Cobourg s'entendaient mal à cet égard. Le premier avaitauprèsdelui, etdansunegrandeintimité, lefilsaînédu due d'Orléans, jeune homme valeureux, et qui ambitionnait de se couvrir d'assez de gloire pour effacer l’infamie de son père. La faction d'Orléans avait encore beaucoup de complices parmi les jacobins; deux sur-tout, Danton et Lacroix. Ceux-ci suivaient Dumouriez dans ses expéditions, etosaient le défendre, même après ses défaites. Si les vœux du général français se tournaient vers un roi de la famille d'Orléans , le général autrichien devait en avoir horreur; mais la politique lui commandait de cacher ses dégoûts, ou de différer une explication. Il fallait voir auparavant la frontière delaFrance envahie, des places fortes livrées, le chemin de Paris ouvert. Dumouriez prenait toute cette entreprise sous son nom.

Il la conduisit avec pétulance, peu de discernement, et le plus mauvais succès. Iquitta Tournay pour se rapprocher dela France : peu de temps après, il leva le camp de Maulde, et vint s'établir à Saint-Amand. Son projet était de s'assurer de Lille, de Valenciennes et de Condé; de détruiredans ces villes l’autorité de la convention , et d’y faire proclamer la constitution de 179t. Il échoua dans ces trois expéditions. Il envoya le général Miazinski pour s'assurer de la place de Lille : il reconnut amèrément l’imprudence de ce choix ; c'était un Polonais, brave, fanfaron, sans prudence et sans conduite. Dumouriez lai avait donné une division de quatre mille hommes, avec laquelle il devait entrer dans la ville. Cet agent annonca partout sur son passage l'intention dans laquelle il était envoyé. Cette indiscrétion,-et toutes celles que commit Dumouriez lui-même, excitèrent la défiance: Le général Moreton-Chabrillant, homme d’intrigue, etquicraignait par-dessus tout les jacobins, envoya au devant de Miazinski un officier qui le trompa , et luipersuadad’entrerdans Lille avec une très- petite escorte. Le gouverneur le fit arrêter sur-le-chanip et conduire À Paris, où le tribunal révolutionnaire fit bientôt tomber sa têtes La division dont il s'était imprudemment séparé, erra