Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

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combat. Ils le commencèrent dèsle lendemain. Is protestèrent contre un décret enlevé par la fraude et la violence. Les jacobins s’offraient un peu moins ménacans autour de la convention : elle fit effort pour se dégager de sa peur. L’ignominie de la veille fut un peu réparée. 1! fut déclaré qu'Hébert resterait encore en prison, et la commission des douze en exercice. La . révolution était descendue à nn tel degré d’infamie, que l’insurrection qui se tramaitayait pour prétexte l'emprisonnement d'Hébert, comme celle du 14 juillet avait en pour prétexte la disgrâce de M, Necker. On ne peut mieux mesurer la différence de ces deux journées que par ë différence de ces deux hommes. Les jacobins redemandèrent encore une fois Hébert à la £onvention. Rendez-nous ce magistrat, disait Danton, ou nous allons vous prouver que nous vous surpassons en audace et en vigueur révolutionnaire. Collot-d’Herbois eut encore plus d’emportement dans ses menaces. « Vous violez les droits de » l’homme, s'écria-t-il; eh bien! tremblez, nous allons les vio» ler à notre tour! ils ne doivent point servir d’égide à d’in» fames tyrans. Vous faites outrage à la liberté, dont vous avez impudemment placé la statue au milieu de nous.—Eh » bien ! tremblez encore! nous allons jeter un voile sur cette » statue. Nous serions coupables d’arrêter désormais les fureurs et l’indignation du peuple. » Ces provocations de meurtre et de carnage furent écoutées en silence. Les girondins ne pouvaient plus rallier autour d’eux leurs défenseurs intimidés. La convention prononça une troisième fois sur le sort d'Hébert, et ce fut pour le rendre à la liberté.

Une insurrection se préparait alors à peu près avec les mêmes formes , mais avec plus de matürité qu’une loi importante. Un comité réglait, ordonnait les mouvemens du peuple, afin qu'ils offrissent dans une sédition le même ordre que dans nne fête révolutionnaire. Les complices d’ailleurs devaient s’entendre sur l’étendue du crime et sur le nombre des proscrits. Leur plus grande difficulté était de se concilier à cet égard. La montagne de la convention et la commune de Paris se faisaient quelque ombrage. Ge n’est pas qu’il y eût entre elles beaucoup de nuances de cruauté : c'était sur l’empire qu’elles disputaient. La commune eût voulu que la convention. fût détruite en même temps que les girondins seraient immolés. La montagne voulait que la convention: sacrifiât elle-même les girondins, et qu’elle commencât, ou plutôt qu’elle lui livrât un nouveau règne. Cette contestation donnait à leurs adversaires quelques jours de vie. Elle fut terminée lorsque l’un et l’autre parti eurent de communes alarmes. Les complots de la révolution ont tous été formés par la haîne; raais e’est la peur qui les a décidés.

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