Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

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membres les plus distingués: Le président de l’assemblée était Isnard , orateur véhément, ami fidèle des girondins. Frémissant d'indignation, il voulut donner à sa réponse l'effet d’un coup de foudre. Ecoutez ce que je vais vous dire : si le fer était porté au sein de la représentation nationale, je vous Le déclare au nom de la France entière, Paris serait anéanti. Qui, la France entière tirerait vengeance de cet attentat, et lon chercherait bientôt sur les rives de la Seine si Paris exista !

Le fracas de cette hyperbole étourdit les jacobins, mais lorsque Isnard voulut répondre sur le même ton à d'autres pétitionnaires, la fureur concentrée éclata par les plus violentes invectives. Il se fit autour du président un vif et tumultueux combat. Les jacobins s’élancaient pour le précipiter du fauteuil : ses amis accouraient pour le défendre. Au milieu de mille clameurs confuses, Danton, élevant sa voix tonnante, adressa aux girondins ce sinistre avertissement : — Je vous le déclare , tant d’impudence commence à nous peser, nous vous résisterons.

Tel était le désordre, lorsque le ministre de l’intérieur, Garat, se présente à la convention. Il venait lui exposer la situation de Paris. Paris... Il l’avait vu dans le calme le plus profond ; il n'avait rencontré sur son passage qu’une foule obéissante et respectueuse, rien ne lui annoncaït l'existence d’un complot : un seul complot lui paraissait démontré, c'était celui de diviser par des craintes chimériques deux partis qui brûlaient d’une commune ardeur pour la liberté.

Pache, ce fourbe qui trompa Mme Roland elle-même, égarait alors le ministre Garat. Il endormait sa surveillance en lui présentant l’espoir d'une conciliation. Garat a démontré dans ses mémoires, Garat démontre encore mieux par son caractère que son erreur fut innocente.

Les girondirs demeurèrent, à ce discours, sans objection, sans voix. Ils voulurent terminer une séance dont ils avaient à craindre le résultat; mais les jacobins ne laissaient pas. ainsi échapper un triomphe qui leur était présenté. Isnard a quitté le fauteuil, Hérault-de-Séchelles l’a remplacé. Ce petit incident est une révolution toute entière. Le premier avait voulu faire tomber les pétitionnaires aux pieds de la convention, le second traîne la convention à leurs pieds. Fous demandez justice, vous l’obtiendrez. Il met aux voix et il prononce la suppression de la commission des douze, et la liberté d'Hébert. Il est à remarquer que les pétitionnaires reçurent dans cette.

circonstance un étrange honneur. On les avait invités à assister à la séance; ils s’étaient placés sur la montagne, avec les députés leurs amis; ils votèrent avec eux, et firent la majorité.

Après cette disgrace, les girondins s’obstinèrent encore au