Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

72 CONVENTION

» prochent votre pauvreté. Âu Palais-Royal on crie en ée » moment vive Le roi; on y foule aux pieds la cocarde natio» nale; on s’y pare de la cocarde blanche. Tous les habitans » du Palais-Royal sont complices. Courez, emparez-vous du » Palais-Royal, et de Là marchez à la convention. » Ce mot de Palais- Royal tant de fois répété offrit à l’imagination des in+ surgens des trésors dont ils se faisaient déjà le partage. Mais quelque ardeur qui transporte ces colonnes, divers obstacles les arrêtèrent dans leur marche, et le bruit de cette prochaine invasion a déjà pu parvenir dans le quartier menacé. Ceux qui tout à l'heure étaient si froids pour la défense de la convention reprennent de la chaleur et de l'énergie quand il s’agit de leur propre défense. Heureusementils avaient à leur tête un homme déterminé, c'était Raffet, commandant de la section de la Butte-des-Moulins. Il ordonna des dispositions de résistance. Le Palais-Royal fut fermé, gardé dans ses avenues par difféæens détachemens. Lorsque les immenses bataillons de piques commencèrent à remplir la rue Saint-Honoré, les grenadiers commandés par Raffet se présentèrent pour leur fermer le assage; quelques pièces de canon furent pointées. Les assail. ne s'étaient nullement préparés à un combat, et peut-être de l’autre côté on était médiocrement disposé à le soutenir Avec un degré de fureur de plus de part et d'autre, le plus horrible massacre devait résulter de la position où se trouvaient engagées ces colonnes opposées. Un seul coup de fusil tiré eût nécessairement engagé l’action; bientôt cette longue rue SaintHonoré eût été couverte de monceaux de cadavres. Mais les insurgés renoncèrent à leur entreprise dès qu’elle leur parut accompagnée de danger; ils ne virent plus que de bons et fi dèles républicains dans des hommes qui avaient songé à se défendre. Ils s’approchèrent d'eux avec tous les signes de la fraternité, reconnurent qu'ils avatent été trompés, et n’entrèrent pas dans cette riche enceinte qui avait allumé leur cupidité. j Leurs chefs étaient confus : ils s’efforcèrent de les rappeler à l’objet de cette insurrection, le plus important pour eux, mais non pas pour ceîte multitude. Déjà les membres de la commune entraient dans la convention, suivis d’une autre troupe, et lui dictaient leurs insolentes lois, Jusqu'ici tout ressemblait assez à cette journée du 20 juin que nous avons eu à décrire avant le 10 août. Le roi faible contre qui elle était dirigée opposa aux outrages dont il était accablé plus de dignité que la cenvention, car il ne fit ni sacrifices ni promesses- Vergniaud Doulcet-de-Pontécoulant et quelques autres députés voulurentfaire sentir à l'assemblée la honte de convertir en décrets les volontés de cette traype séditieuse. On s’indigna d’un courage