Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

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qu’on ne pouvait égaler. Barrère fut animé d’un enthousiasme subit pour ce mouvement du peuple. Il parla de satisfaire surlé-champ à quelques-uns de ses vœux et de délibérer sur le reste. L'assemblée , éclairée par lui, crut trouver un terme moyen dans l’infamie, en décrétant la suppression de la coma mission des douze { c'était Barrère qui l'avait fait créer), en accordant une solde de 40 sous par jour à chacan des insurgés, et en déclarant que, dans cette journée du 31 mai, les sections avaient bien mérité de la patrie.

La montagne et la commune étaient indignées d'obtenir un sifaible résultat du mouvementqu’elles avaient concerté; mais leurs efforts étaient vains pour retenir les insurgés, déjà un peu réconciliés avec une assemblée qui leur faisait des largesses si paternelles. La convention employa le jour suivant à adresser aux départemens un panégyrique de la journée de la veille, composé comme si de basses soumissions eussent pu fléchirla montagne etla commune. Elles veillaient, elles unissaient leur rage : par leurs ordres, le tocsin ne cessait point de sonner, la générale de battre, « Hommes du 10 août !criaient » Chabot, Marat, Chaumette , Collot-d'Herbois, dans les deux » faubourgs, qu'est devenue votre ardeur à punir les tyrans, » à égorger les traîtres? Est-ce donc pour si peu que vous » avez pris les armes? De quel sang vos piques sont-elles tein» tes? Quoi! vous ayez pénétré dans la convention, vous l’avez » vue tremblante devant vous, et vous n’avez pointarraché de » son sein les girondins qui vous oppriment, qui vous trahis» sent! Ils vous font des promesses ; vos services pour la » patrie vous seront payés, disent-ils : quels garans vous en » ont-ils donnés ? Leur perfdie ne vous est-elle pas connue* » C’étaient eux qu’il fallait prendre pour otages. Mais pourquoi » recevoir ces dons des hommes qui ont juré votre perte, et. » qui veulent venger sur vous le sang de leurs amis versé au 2 » septembre? Ne recevez rien que de vos frères; ce ne seront » point des dons; mais ce sera un partage. Venez troubler la » joie de cestyrans, qui osent déjà rire de vos vaines menaces » et de leurs vaines promesses. »

Cependant quelques députés qui espéraïent encore prévenir le massacre ou le supplice des girondins allèrent trouver Danton. Ils avaient bien remarqué que ce puissant démagogue, en se servant de la commune, la redoutait; qu’il était bien moins dévoré de la soif de se venger que de celle de dominer. Ils venaient lui offrir la dictature. Danton parut vivement ébranlé par cette offre tardive, Il crut que le péril pouvait être encore conjuré par lui seul; mais il se défia des girondins, et ne pensa pas qu'ils fussent prêts à ratifier ce traité. Il répéta plusieurs fois ; Z/s n'ont point de confiance, et il s’éloigna.

2e * 10.