Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

75 CONVENTION

avaient sans cesse annoncé leur vengeance. Quand l'heure fat venue d'y recourir , ils n’en eurent pas un désir unanime ; ils en disposèrent faiblement les moyens. Le décret de la convention ordonnait , comme nous l'avons vu ; que . les députés fussent gardés dans leur propre domicile ; les uus songèrent à fuir, à se cacher; les autres virent sans effroi cette première rigueur exercée sur eux. Ils avaient ong-temps menacé d’une guerre civile : ils en craignaient les suites pour leur patrie ; ils se laissèrent garder. Quelques jours d’une telle détention réveillèrent bientôt leurs alarmes. Les uns parvinrent à corrompre où à tromper ceux qui les gardaient ; les autres tentèrent sans fruit ce moyen , ou le dédaignèrent. Bientôt l'exemple des fugitifs servit de prétexte pour donner à ceux qui restaient une surveillance plus étroite. Ils furent conduits en prison. Parbaroux, Pétion, Lanjuinais , Henri Larivière et quelques autres arrivèrent à Caen. Ils crièrent aux armes , et tout s’arma pour Yenger la convention et pour l’affranchir. Le général Félix Wimpfen , qui avait défendu Thionville contre les Prussiens, commandait dans le département du Calvados. Il accueillit les proscrits, il unit sa cause à la leur. Il organisa une petite armée; il parla de marcher sur Paris. Trois commissaires de la convention se présentèrent pour l'intimider dans ses préparatifs. Il suivit l'exemple de Lafayette et de Dumouriez, il les fit arrêter. Il négocia avec les départemens voisins, afin qu’ils vinssent joindre leurs forces à celles qu’il commandait; il obtint des protestations, peu de secours. La ville de Rouen refusa de s'associer à une ligue à laquelle son accession seule pouvait donner de la consistance, La chaîne des départemens disposés à l’insurrection se trouvait interrompue-par le mouvement royaliste qui, du Poitou, s'était déjà répandu dans la Bretagne. Entre les girondins et les royalistes de la Vendée il existait une défiance et une haïne réciproques qui leur faisaient voir le plus grand crime dans une alliance,

Trois villes animées d'amour de la liberté et d'horreur pour l’anarchie, Nantes, Brest et Lorient , se trouvèrent, par leur position , inutiles aux girondins , qu’elles eussent voulu servir de leurs efforts. Les deux dernières ne pouVaient communiquer leur esprit aux campagnes voisines, et Nantes était assiégée par l’armée catholique et royale.

Déterminée à résister aux royalistes, ne recevant pas de secours des jacobins, ne daignant pas même en implorer d'eux, Nantes eut la générosité de se déclarer pour les girondins proscrits. , :

Un homme qui était attaché à la cause des royalistes, mais