Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

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sur-tout à celle de l'Angleterre, le ci-deyant marquis de Puisaye, arriva à Caen, amena un faible renfort au général Wimpfen, parla en présomptueux, se fit accueillir comme un homme à ressources, enfin prit de J'emploi dans cette petite armée. Ses intrigues furent une source de troubles et de défiance; bientôt les girondins s'apercurent que lé mouvement qui se déclarait sous leur nom allait se faire sans eux. On les sépara de tous dangers pour les priver dé toute gloire. Puisaye mélait l'ironie et l’outrage à sa protection suspecte. Ils rougissaient, ils s’indignaient d’obéir à ce chef royaliste. Celui-ci se met à la tête de trois ou quatre mille hommes, qu'il appelle une avant-garde ; il part; il va soumettre Paris. Il fait dix-huit lieues sans rencontrer d’ennemis. On proclame à Caen cette conquête. La convention , qu'il convient maintenant d’appeler Za monlagne, avait fait partir en toute diligence, vers les départemens insurgés, un corps de gendarmes, soutenu de quelques pièces d’artillerie : ils s'étaient placés à Vernon. Les insurgés approchaient de cette ville, pleins de confiance et avec tout le désordre qui la suit. Les gendarmes sortent des murs pour venir à leur rencontre. À peine leurs canonniers ont-ils mis le feu à leurs pièces , toute l’armée qui était devant eux a disparu, à l’exception d’un corpsde quatre cents hommes, envoyé par Brest, qui bat en retraite avec moins de honte et de précipitation. Ce fut la seule action de cette ridicule campagne. L'armée des jacobins ne montra pas beaucoup d’impétuosité à profiter de cet avantage. Les chefs militaires des insurgés éurent le temps de s’embarquer pour l'Angleterre. Les magistrats de Caen, sur lesquels allait retomber tout le courroux de la mon. tagne, s’occupèrent de remplir les derniers devoirs de l’hospitalité envers les députés proscrits, Ils leur donnèrent des guides, et même des gardes dans leur fuite. Les députés se retirèrent, en traversant la Bretagne. Bientôt les dangers renaissans les forcèrent à se séparer. Quelques-uns furent protégés et cachés pendant un long espace de temps par des royalistes bretons; d'autres espérèrent trouverou lavengeance, ou du moins un asile dans le midi. La plupart n’y trouvèrent que la mort,

Paris , sous le joug de ses nouveaux maîtres, imitait les hommages serviles que Rome prodiguait à ses plus odieux tyrans. De grossiers monumens, que la bassesse de l’ame et la dégradation des arts élevaient à la hâte, représentaient partout le triomphe de la montagne.

Le 11 juillet, le bruit se répand dans Paris que Marat vient d’être assassiné. On n'ose confier une telle nouvelle qu'à ses amis: Elle est bientôt confirmée par les impré-

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