Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

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deux fois. Marat se présente à la tête de cent brigands, prêts à commettre tous les meurtres à son signal. Je vous ordonne, dit-il, à la convention, je vous ordonne, au nom du peuple, de rentrer, de délibérer , et d’obéir. On rentre.

Un homme qui, par ses infirmités, semblait ne devoir être qu'un objet de pitié, et qui n’était qu’un monstre de scélératesse, Couthon, avec une voix tranquille, avec le plus affreux regard : « Eh bien! mes collégues dit-il, vous venez de » vous assurer que laconvention est parfaitement libre. L’hor» reur du peuple ne se prononce que contre des mandataires » infidèles: mais nous, il nous entoure encore de son respect, » de tonte son affection. Que tardons-nous? obéissons à » notre conscience aussi bien qu’à ses vœux. Je demande que » Lanjuinais, Vergniaud, Gensonné, Le Hardi, Guadet, Pé» tion, Boileau, Birotteau, Valazé, Gomaire, Bertrand, Gardien, Kervélégan, Mellevaut, Bergoien, Barbaroux, » Lidou, Buzot, Lasource, Rabaut, Brissot, Salles, Cham» bon, Gorsas, Grangeneuve , Lesage, Vigée, Louvetet Henri » Larivière soient mis en arrestation chez eux. »

La plupart des députés refusèrent de prendre part à cette proscription, prostestèrent contre la violence, et ne donnèrent point de votes. Les jacobins se levèrent, escortés de quelques-uns de leurs satellites ; le décret fut rendu. Le siége de la convention fut levé.

Le calme sombre qui avait régné dans cette journée en dissimula les horribles suites au vulgaire. Pendant quelques jours les jacobins parurent plutôt s’enivrer de leur triomphe que RE l'ensanglanter. Mais Paris seul reconnaissant encore leur empire, il fallut y soumettre toute la France. Ils élevaient dans leur pensée des milliers d’échafauds, mais ilsen cachaïent l'appareil. Ils attendaient qu’ils n’eussent plus un seul ennemi sous les armes pour se venger complétement de tous ceux qui jadis s'étaient opposés à leurs premiers progrès, de tous ceux qui venaient de balancer leur puissance, de tous ceux qui devaient les haïr, ou pour les maux déjà soufferts, ou pour les maux déjà prévus.

Trois mois sont employés à consolider la victoire que leur a donnée l’insolente audace d'Henriot. Leur union se sontient, parce qu'il y a encore des combats partiels à livrer ; leur ligue se grossit, parce que tout en fait présager le succès. Occupés de plaire à la plus grossière multitude , ils ont des lois, ils ont des fêtes, ils parlent un langage, ils affichent des mœurs plus basses encore que ses penchans. La pudeur se trouve aussi impuissante sur eux que les remords.

Les girondins, dans la lutte qu'ils venaient de soutenir,

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