Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

NATIONALE, 8:

» je Me présenterai chez vous ; ayez la bonté de me re-

» Cévoir et de m’accorder un moment d'entretien ; je vous

» mettrai à même de rendre un grand service à la.France, « Cnarrotre Corpay. ,

Le lendemain elle se réprésente chez Marat. La même fémme lui dispute l'entrée. Marat l'entend ; il veut qu’on l'intro

“duise. Il était. dans un bain.

Il l'interroge, elle dissimale. H veut avoir les noms de tous les députés réfugiés à Caen , elle les lui dicte , et Marat les écrit avec la même joie que s’il les eût placés pour la première fois sur une liste de proscription. [ls subiront bientôt leur chAtiment, lui dit-il. Le tien est prêt, répond-elle. Elle tire son eoueau, elle le plonge dans lé cœur de Marat. Il jette ce dérnier cri: Amoi, ma chère amie ! I expire. Des femmes accourent : Charlotte Corday reste immobile ; elle est en proie à leur fureur, La garde arrive; elle se met sous sa protection, Elle est conduite à l'Abbaye.

L’effroi se répand parmi tous les chefs de la montagne. La peur leur présénte par-tout des Charlotte Corday, comme si

eaucoup d’ames étaient appelées à un tel héroïsme, À leur terreur il se mêle pourtant un sentiment de joie, Pour les plus Puissans, Marat est un rivalde moins. Danton commencait à le craindre , et même à le haïr; Robespierre à l’envier. Cette même convention que la présence de ce monstre à tant de fois fatiguée, et qui a osé une fois le rejéter de son sein, est forcée de le pleurer. Voilà ün dieu de sang créé pour présider à tant de sacrifices humains.

Cependant Charlotte Corday porte dans sa prison un sentiment d’orgueil et de paix. Elle est sans resseñntiment pour toutes les vexations qu’on ajoute à sa captivité, excepté pour celles qui blessent sa modestie. L'heure de gloire est arrivée pour elle : c’est celle où elle paraît devant ses juges ; car les jacobins ont permis des juges, et mîme un défenseur. Le peuple arrive en foule pour la considérer, On dit tout haut qu'on la déteste, ét tout bas on l’admire.

On l’intérroge. L'histoire ne peut mieux caractériser ce prodige d'enthousiasme et de force d’ame qu’en citant quelquesunes des réponses de Charlotte Corday.

« Tous ces détails sont inutiles : c’est moi qui ai tué Marat. » Quivous a engagée à commettre cet assassinat ? lui demanda » le président.—$es crimes.—Qu’entendez-vous par ses eri» mes ?—Les malheursdont il a étécause dépuisla révolution, » et ceux qu'il préparait encore à la France: —Quels sont ceux » quivous ont portée à commettre cet assassinat ?— Personne; » c’est moi seule qui en ai conçu Pidée.—Que font à Caen les » députés transfuges ? -2IIS attendent que l’anwrchie cesse

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