Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

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cemmençaient à y rentrer; mais leurs progrès étaient aussi lents que leur fuite avait été rapide.

La coalition obtenait au nord de la France des succès qui reportaient à Paris l’épouvante qu'y avait causée l'invasion du roi de Prusse.

Le prince de Cobourg avait été arrêté devant Condé. Un blocus de quatre mois épuisa les vivres de la garnison. Le général Chancel, qui commandait dans la place, lutta, avec un courage bien rare, contre la famine. Je viens de nommer un fidèle défenseur de la république, j'ai nommé une victime. Coudé fut rendue; la garnison fut faite prisonnière. Dix mois, après, le général Chancel obtint d’être échangé. Il revint dans sa patrie ; les jacobins l’envoyèrent au supplice.

Le siége de Valenciennes avait été précédé par l’une des défaites Le plus humiliantes qu'éprouvèrent les Francais dans le cours de cette guerre. Ils furent forcés dans le camp de Famars par le prince de Cobourg. Üne grande partie de, leur artillerie et de leurs magasins tomba au pouvoir du vainqueur. La résistance ne fut que sur quelques points; la déroute devint bientôt complète. Il paraît constant qu’un grand nombre d'officiers étaient absens de leur poste. Ce fut la seule occasion où on eut à leur faire un tel reproche. L’armée anglaise, commandée par le duc d’Yorck, parut avec assez d'éclat dans cette occasion : elle ne sut pas long-temps soutenir cette gloire. Valenciennes fut assiégée.

Dans ce péril, la convention jeta les yeux sur le général Custine. On le tira de l’armée du Rhin, où, comme nous le verrons tout à l'heure, la fortune l’avait abandonné. Il ac-cepta avec dévouement la dangereuse mission de réparer les défaites consécutives de l’armée du Nord. Le désordre qu'il y vit était encore au-dessus de celui qu’il avait imaginé. IL chercha à se défendre du découragement, en appliquant les ressources de la circonspection militaire dans les occasions presque désespérées, Ilse plaça au camp de César, à une distance de l'ennemi, qui manifestait toutes ses craintes. Le comité de salut public lui écrivait : Délivrez Valenciennes, ou apportez ici votre téte. Custine répondait : « L'armée qui » a laissé faire le siége de Valenciennes ne peut pas être » encore celle qui le fera lever. Vous voulez sauver Valen» ciennes, et moi la France. Prenez ma vie, ou respectez » mes devoirs. »

Bientôt après, le camp de César fut forcé; Valenciennes se rendit après vingt-deux jours de tranchée ouverte. Gustine fut appelé et se rendit à Paris, Il crut que son innocence ct sa fidélité pourraient confondre l’iniquité des juges du tribural révolutionnaire.

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