Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

go CONVENTION

Cependant le roi de Prusse avait réparé l’ignominie de sa dernière campagne. Depuis l'attaque inopinée qui l'avait mis en possession de Francfort, il avait assiégé Mayence et le fort de Cassel, dont Custine avait très-habilement uni la défense. La manière dont ce général avait élevé tout-à-coup Mayence au rang des plus importantes forteresses de l’Europe, est reconnu aujourd’hui comme la plus heureuse de ses opérations militaires : il y avait été puissamment secondé par l'ingénieur Meunier. À la vérité, il n’avait pu remplir son but sans dégarnir les citadelles d'Alsace d’une quantité de bouches à feu. Enfin, obligé de quitter Mayence, il y avait laissé une armée de quinze mille hommes sous la conduite d’Aubert- Dubayet. Deux commissaires de la convention, Rewbel et Merlin de Thionville, s’y étaient renfermés. L’attaque fut pleine d’ardeur et d’habileté ; la résistance fut opiniâtre. Une même redoute fnt prise et reprise quatre fois. Merlin de Thionville se conduisit comme un soldat intrépide. Les assiégés supportèrent avec constance les besoins les plus cruels. Alexandre Beauharnais, qui avait succédé à Custine dans le commandement de l’armé du Rhin, fit un effort pour arriver au secours de Mayence. Il avait déjà remporté un avantage signalé, Il s’'avançait avec les plus heureux présages, lorsqu'il apprit que les assiégés venaient de capituler, qu’ils avaient été forcés de livrer au roi de Prusse la plus redoutable artillerie, et que la garnison revenait en France, sous la condition de ne plus porter les armes contre les alliés. Pressé d'obtenir sa conquête, le roi de Prusse n’avait pas songé que, de renvoyer à de telles conditions une armée forte encore de douze mille hommes, c’était la porter contre les royalistes de la Vendée, dont les efforts courageux surpas= saient de beaucoup ceux de ses alliés.

Telle était la situation de la France au mois de septembre

1703.