Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

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vient demander que les soixante-treize signataires soient mis en jugement. Un silence de terreur régnait dans l’assemblée. Quelques amis peut-être allaient, en réclamant pour leurs collégues . partager mais non faire révoquer l'arrêt de leur supplice. Un défenseur se présente pour eux, et c’est Robes-

jerre. Faut-il laisser à ce barbare l'honneur d’un acte de pitié? Doit-on confirmer par son exemple un principe dont on a pu douter de nos jours, que le cœur du scélérat n’est pas à tous les instans capable de la même férocité? La clémence de Robespierre dans cette occasion ne fut due qu’à sa politique ombrageuse. La montagne lui offrait alors des sujets obéissans, mais il eraignait d’y rencontrer des rivaux. Il voulait lui opposer un contre-poids dont il pût se servir un jour. Il dévoila cette politique lorsque, attaqué au 9 thermidor.… Mais pourquoi cette pensée du 9 thermidor ?... Quel abîme de sang nous en sépareË

Vingt- deux députés étaient en la puissance du tribunal révolutionnaire. L'acte d'accusation était collectif et ne désignait de faits particuliers qu’à cinq ou six d’entre eux. Chacun d'eux crut avoir le droit de se défendre. La société des jacobins. le comité de salut public, la convention, virent dans une telle prétention une conspiration nouvelle. Le tribunal révolutionnaire demanda et obtint un déeret qui lui permettait de fermer les débats dés que la conscience des jurés serait éclairée, soit que tous les accusés eussent été entendus ou non. Vergniaud avait parlé, et les derniers accens de cette bouche éloquente avaient ému auditoire, quoiqu'il fûteomposé en grande partie des brigands du 2 juin. D’autres aceusés avaient embarrassés, mais non fait rougir les témoins qui se présentaient eontre eux- Ces témoins, c'étaient des hommes tels que l'ignominieux Chabot, tels que Chaumette, tels qu'Hébert, qui semblait encore triompher du scandale atroce dontil avait épouvanté lepublie dans le procèsdela reine.

Nul de ces députés ne trouva grâce, nul ne l'avait implorée. Quand ils entendirent leur arrêt de mort, ils firent retentir les voûtes de la salle de ce cri unanime : Vive la république ? Ils s’embrassèrent. Un eri d'horreur s'élève de tous côtés. Valazé , l'un des condamnés, venait d’enfoncer dans son cœur un poignard. Les juges sortaient précipitamment de leurs siéges, comme s'ils avaient eu tout à craindre du désespoir des députés. On les ramena en prison. Ils supportèrent la mort avec constance. Les plus jeunes répétaient, avee une sorte d'ivresse, les chants patriotiques dont ils dirigeaient maintenant les applications contre les tyrans qui les immolaient. Les autres gardaient une contenance calme. Vergniaud s’était muni d’un poison sûr, il refusa de s'en servir , pour accompa: