Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

8 CONVENTION

témoins ; j'ignorais ce qu'ils allaient déposer contre moi. Eh bien ! aucun d'eux a-t-il articulé un fait positif P Je finis en observant que je n'etais que la femme de Louis XVI , et qu'il fallait bien que je me conformasse à ses volontés.

On la fit biéntôt rentrer à l’audience, et c'était pour lui lire sa condamnation. Elle la soutint avec calme.

Le 16 octobre, elle fut conduite au supplice. Tout Paris était sous les armes. Elle n’était point aimée, elle fut plainte.

Quelques hommes osèrent imposer silence à des troupes de tigresses qui la poursuivaient de leurs cris. L'appareil ignominieux dans lequel elle fut traînée étonna d’abord son courage. À l'aspect de la place où avait péri son époux, elle parut impatiente de se présenter au même fer...

Les girondins furent appelés, après la reine, au tribunal révolutionnaire. La convention les y envoyait. Elle venait d’éprouver la plus affreuse violence, et le digne châtiment de sa lâcheté au 2 juin. Au-dessous du comité de salut publie existait un comité qu’on appelait de surveillance, et qui pressait l'exécution des crimes que le premier ordonnait. L'acte d'accusation des girondins y avait été préparé. Amar en était le rapporteur. Il monte à la tribune. Il promène des regards farouches sur le côté droit de l'assemblée où quelques députés siégeaient encore avec une honorable constance. « Avant » tout, dit-il, je dois prévenir la convention qu’elle a en» core dans son sein des traîtres que la loi doit frapper. Ils » sont présens, ils m’entendent; les lâches méditent leur » fuite; que la convention la leur ferme, et qu’elle se con» signe elle même dans cette salle. » La convention se lève, rend le décret. Elle se forme en une prison. Les représentans du peuple sont les geoliers de leurs collégues. On écoute en silence un rapport où Amar s'exprime moins en accusateur qu’en bourreau. Il s'efforce de flétrir ceux qu'il frappe. Il leur associe ce Philippe Egalité, ce duc d'Orléans, que iant de fois les girondins avaient voulu bannir de la France. Maintenant ils sont présentés comme ses complices.

À la suite de ce rapport quarante députés sont traduits au tribunal révolutionnaire. Plusieurs de ceux-ci sont arrêtés dans la salle même. Vingt autres, qui déjà avaient fui, sont mis hors la loi. L'emploi de cette formule révolutionnaire a de quoi étonner dans un temps où le destin le plus affreux était d’être sous ces lois barbares. Cette formule signifiait que les accusés mis hors la loi perdaïient même le droit dese défendre.

Ous verrons comment il fut respecté pour les autres. Enfin Soixante-treize députés, signataires de la protestation dont jai parlé, sont saisis sur les banes et conduits en prison.

Peu de jours après le même Amar monte à la tribune SH