Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

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fanterie recut de lui l’ordre d'aller attaquer le poste d'Ernée, où quinze mille Vendéens étaient retranchés. Ce régiment y marcha, y fut massacré. Voila les Thermopyles, écrivaient alors Rossignol et son digne collégue Ronsin.

C’est au député Phélippeaux, qui exerça quelque temps l'autorité de commissaire de la convention dans les départemens insurgés , que l’histoire doit les détails, et même les preuves de tant d'inepties suspectes et féroces. Le comité de salut public et la commune de Paris croyaient n'en être qu’au premier pas de leur carrière de crimes. Ils s’étaient formé cette maxime exécrable: On ne peut égorger avec assez détendue et d’impunité que dans une guerre civile.

Barrère fut forcé de remonter à la tribune pour parler encore de cette guerre, dont il avait proclamé la fin. Voici en quels termes il annonca l'invasion d’un vaste pays qui devait pour long-temps être le désespoir de la république : « Les mauvais citoyens peuvent seuls répandre des alarmes sur les débris épars d’une armée vaineue , qui traîne avec elle le désespoir, la contagion, la famine. »

La course impétueuse et triomphante des Vendéens avait pour principal objet.de se procurer un port. Ils étaient poursuivis d’une sorte de fatalité à cet égard. Dans leur pays, ils n'avaient pu même s'emparer de la ville des Sables; ils échouèrent dans leur entreprise à Granville : leurs vues sur ce port avaient été pénétrées. Un commissaire de la convention y était entré avec deux ou trois mille hommes de troupes. Il avait trouvé les habitans disposés à la plus courageuse résistance. Les Vendéens attaquèrent de faibles murailles avec la plus mauvaise artillerie. La canonnade dura vingt -huit heures. Ils montèrent trois fois à l'assaut, et furent repoussés trois fois. Ils commirent les mêmes fautes , les mêmes méprises ; ils éprouvèrent les mêmes pertes qu'à l'attaque de Nantes. Cette armée ne se soutenait plus que par la force du désespoir. Elle fuyait ; elle reprenait sa route par les lieux qu’elle avait déjà dévastés , épuisés. Elle essuya un nouvel échec à Pontorson. Peu de jours après, elle'se trouvait engagée dans les marais de Dol. Rossignol l'y cernait avec toute son armée; mais la présence d’un tel ennemi était toujours pour les Vendéens un gage de victoire. Ils se dégagèrent de leur position ; ils parvinrent à tourner, à diviser les colonnes républicaines. Celle qui était commandée par Wésterman fut coupée et ne reçut plus de secours. Les Vendéens furent maîtres, et furent avides du carnage. Là périt presqué tout ce qui restait de la brave et malheureuse garnison de Mayence. Un bataillon de volontaires brestois y fut égorgé.