Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

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ardens, un prince français à leur tête. Ils quittèrent (plusieurs le firent avec des pressentimens sinistres) les champs paternels qui les avaient vus si souvent vainqueurs. Charette, ancien officier de marine, qui n’avait encore joué qu’un rôle secon daire, avait blâmé le projet d’invasion de la Bretagne. Il resta dans la Vendée, et recut le commandement de l’armée sédenm taire, qui s'élevait à peine à quinze mille hommes, autant occupés des trayaux de la terre que de soins guerriers. Ce fut avec cette troupe , et dans des lieux déjà consumés par l’incendie , que Charette survécut à la défaite de tous les siens , et même à la défaite de tous les rois ligués contre la république. Les chefs de la Vendée, avant d’effectuer le passage de la Loire, avaient feint, aux yeux de leurs ennemis, un tel état de détresse, qu'on était loin de leur supposer une idée aussi hardie. Il fallut pourtant soutenir un combat vif et acharné sur les rives du fleuve. Ils le passèrent, se rendirent maîtres d’Ancenis, d’Ingrande et de Verade, saccagèrent ces bourgs , menacèrent encore une fois. Nantes, s’aperçurent bientôt de l’inutilité de leurs nouveaux efforts, serépandirent comme un torrent dans la Bretagne, y recurent des milliers d’auxiliaires, s’emparèrent de villes-importantes, telles que Laval, Craon, Château-Gontier; enfoncèrent les prisons où étaient arrêtés leurs partisans, ettaillèrent en pièces l’armée du général l'Echelle, qui venait à leur rencontre. Celui-ci ; plein deterreur, alla se réfugier dans Brest, Il y mourut au bout de quelques jours. On croit qu’il s’empoisonna. Il avait plus de bravoure que d’expérience , et n’était point accusé d’inhumanité. Tant de succès avaient coûté aux Vendéens la perte de plusieurs de leurs plus braves compagnons. Ils regrettèrent particulièrement Lescure. C'était un jeune homme qui unissait aux sentimens chevaleresques une grande fécondité de ressources. ‘Malgré la confusion où de telles nouvelles devaient mettre le comité de salut public, il se conduisit comme s’it avait voulu encore accroître l'espoir des Vendéens. Il ren. dit le commandement de l’armée à ce même Rossignol, aussi fameux par ses défaites que par ses barbaries. Celui-ci vint ardemment s’exposer aux unes et se livrer aux autres. Une ville était-elle menacée , il commençait par en désarmer les habitans , et puis il en sortait avec précipitation. Ainsi furent livrés Guerche, Vitré et Fougères: Aussi impitoyable envers ses propres soldats qu’envers les ennemis, il ordonnait à des corps de deux ou trois mille hommes de se tenir immobiles dans un poste pour y subir tout l'effort de l’armée royale. [ls étaient égorgés avant que le général eût fait un effort pour venir à leur secours. Un seul régiment d’in-

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