Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

114 CONVENTION

Le peuple indigné demande à grands cris le supplice de Challier , de ses compagnons ; les magistrats craignent d’attirer sur leur ville [a colère des jacobins de Paris, dont Challier n’est que le mandataire. Ils se bornent à faire fermer le club. Malheur à ceux qui montraient de la sagesse et du courage quand toute la France pliait sous le joug! La montagne apprend en frémissant que les Lyonnais ont osé résister à un massacre, À peine ose-t-on les défendre devant cette même convention qui parlait encore à cette époque de punir les assassins du 2 septembre. Elle leur envoya deux commissaires, qu’alors elle jugeait impitoyables. C’étaient Bazire et Legendre. Leur èntrée dans Lyon fui sinistre. Les ordres qu’ils venaient exécuter ajoutaient l’outrage à l'oppression. Challier, avide du sang qu’il n’avait pu verser, est nommé procureur de la commune de . Lyon. Une municipalité se compose de tous ceux qui partagent ses projets homicides. Toute l'autorité, tous les pouvoirs sont confiés au club qui s’est lié par un serment d’extermination. Les Lyonnais furent les premiers frappés d’un fléau qui désola toute la France. On forme dans leurs murs une armée révolntionnaire composée de six mille hommes , destinée à dompter leur indignation à force de terreur, On lève sur eux une taxe de six millions pour payer l’armée qui doit les livrer à un pillage journalier. Qu'un ennemi jaloux de la France fût entré dans Lyon , et quil se fût proposé de ravir à la plus importante des villes manufacturières toute sa splendeur ei toutes ses ressources, il n’eût pu exiger de Lyon plus que les jacobins n’en extorquèrent par leurs infâmes rapines, puisque la taxe de six millions dont je viens de parler fut portée jusqu’à trente. Bazire et Legendre prirent enfin pitié des honnêtes, des utiles citoyens qu’ils étaient chargés d'opprimer. Ils commencèrent à se ralentir, à céder à de plus douces impulsions : la montagne les rappela.

Sous leurs successeurs ; Lyon éprouva encore de plus cruelles atteintes. Ceux qu’on pillait furent emprisonnés , afin que l’espoir de la liberté leur fit livrer ce qu’ils avaient pu soustraire de richesses, ou que leur refus leur coûtât la vie.

Cependant /« montagne , toute occupée de l'insurrection qu’elle préparait contre les girondins , avait pris une mesure qui aida aux Lyonnais à secouer l'oppression. Un décret autorisait les sections des grandes communes à s’assembler et à prendre les mesures qu’elles jugeraient convenables pour la tranquillité publique : un concert s'établit aisément entre des hommes qu’anime une même indigna-