Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

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tion. Les Lyonnais assemblés ne purent délibérer que sur leurs ennemis domestiques, Challier laissait à dessein un premier cours à leurs ressentimens ; car il n’espérait plus exécuter un massacre , Si on ne lui en fournissait le prétexte. Les jacobins avaient pour maxime qu'à l'approche d’un grand mouvement {on était à la veille du 31 mai}, il fallait échauffer les séditieux de Paris par la nouvelle de quelques grands excès commis dans les villes du Midi, Challier était choisi comme le précurseur de tous les crimes qu'ils méditaient. Il fit venir à Lyon de nouvelles troupes, une artillerie redoutable. Deux commissaires de la convention arrivèrent pour le seconder. Ils firent arrêter, dans une seule nuit, cent des principaux citoyens. Le lendemain ils devaient être immolés. Le lendemain , leurs généreux compatriotes jurèrent de les délivrer , et tinrent leur serment.

Lyon offrait, le 29 mai , le spectacle le plus menaçant. Challier et les deux commissaires de la convention siégeaient à la municipalité, et en avaient fait une place d'armes. De leur côté, les sections réunissaieut leurs colonnes. IL y eut trois tentatives d’accommodement ; elles ne furent toutes trois que des traits de perfidie de Challier. Un bataillon de Lyonnais s’approchait de l'Hôtel-de- Ville , mandé par la municipalité, sous des prétextes de conciliation. Le signal. du carnage est donné. Challier ordonne une décharge d'artillerie et de mousqueterie. Les malheureux Lyonpais sont obligés d'abandonner les cadavres de leurs amis, Il n’est plus qu'un eri dans toute la ville: Aux armes ! Les pères et les fils sont animés par leurs épouses et leurs mères. Deux colonnes partent de la place Bellecourt , et vont avec une glorieuse témérité assiéger l'Hôtel-de-Ville , que défendent dix-huit cents hommes et vingt-deux pièces de canon. Les assaillans n'étaient pas deux mille. Un canon éclate dans leurs rangs sans les rompre. Le combat dure deux heures. L'Hôtel-de-Ville est emporté. Les Lyonnais ont en léur puissance tous ceux qui ont juré leur destruction. Plus de carpage après la victoire. Les soldats défendent leurs prison< niers contre la fureur du peuple. Ils rendent bientôt la liberté aux commissaires de la convention ; ils n’y mettent d’autre condition que de leur demander un récit sincère des provocations et des perfidies qui ont engagé le combat. Ceux-ci le promettent, Ils écrivent, le premier juin, une lettre à la convention, dans laquelle ils affirment que le mouvement na point été dirigé par des intentions contrerévolutionnaires , mais par un juste réssentiment contre les projets coupables de la municipalité. Le 4 juin, ces mêmes commissaires se rétractent, vouent les Lyonnais à toute