Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

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On en compte quinze mille de troupes exercées; le reste est formé de rassemblemens de gardes nationales qu’on arrache de tous côtés à leurs foyers, troupe qui a recu et qui rend la terreur. Cent pièces de canon arrivent aux assiégeans. Elle sont servies par cinq cents c.nonniers , intrépides soldats, terribles révolutionnaires. On se dispose au bombardement. Les mêmes hommes qui ont dénoncé à l'univers la cruauté des Autrichiens dans l’attaque de Lille ont recours au même moyen, vont l’employer avec plus de persévérance, avec une direction plus savante en horreurs; ils sont Français, ils attaquent une ville française ! ï

Lyon s’anime à la résistance. Le combat du 29 mai lui aappris ce que peut la valeur. L’enthousiasme guerrier est échauffé par toutes les tendres affections. Malheur au jeune homme quine se dévouerait pas à touslestravaux , à tous les dangers: il serait repoussé de sa famille comme de sa cité. Ailleurs les femmes s’exposent à tout pour sauver de l’échafaud les êtres qui leur sont chers; à Lyon elles s’exposent avec eux sur la brèche. Après la ruine de leur commerce, après de si énormes taxes qu'ils viennent de payer aux commissaires de la convention, les négocians sont encore riches pour aider à leurs concitoyens. Une caisse militaire est formée. L’'insuffsance du numéraire est couverte par des billets des principaux négocians, dont le crédit s'accroît encore par leur générosité. Déjà la prévoyance a fait entrer à Lyon, avec beaucoup de dépenses et de peines, des provisions de vivres, mais trop peu abondantes. Les Lyonnais avaient eu, avant les hostilités, la bonne foi de respecter les vivres qui arrivaient à leurs ennemis.

Il se fit des prodiges de tout genre. Des redoutes furent tracées par un ingénieur nommé Chennelette. L'effet prouva le mérite de leur construction. Elle furent élevées avec une promptitude remarquable. Un Lyonnais m’a dit : Vous fûtes témoin de l'enthousiasme et de la gaîté avec lesquels tout le peuple de Paris se livra aux travaux du Champ-de-Mars pour les préparatifs d’une fête vraiment nationale : tels nous étions à Lyon en travaillant à nos redoutes. On ne manqua ni d'artillerie ni de munitions ; maïs on ne put arriver à faire des canons d’un calibre de plus de douze. La jeunesse s’exercait perpétuellement, et suffisait, à force de zèle, à la garde des postes nombreux que demandait une si vaste enceinte. Précy était commandant militaire de la ville. Il avait des talens et de la bravoure; il dissimulait peu son attachement à la cause des royalistes. On cite, parmi les autres chefs des Lyonnais, Virieu, ex-constituant, etunofficier nommé Nervô.

Felles étaient les ressources que cette ville s'était subite=