Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

& CONVENTION

cherai à rappeler, à désigner du moins la plupart de celles qui. m'ont été connues. Si l’entreprise d'écrire l’histoire de ce règne de sang, avait besoin d’excuses, je trouveraisla mienne dans cette consolante partie de la tâche que je me suis prescrite.

- Je ne promets point à ceux qu'anime un profond ressentiment de leur retracer les noms de tous les hommes que poursuit leur vengeance. à .

Le 21 septembre la convention nationale serassemble : l’assemblée législative, heureuse de ne plus régner, se disperse ; ceux de ses membres qui n’ont point obtenu le dangereux honneur d’être réélus fuient de Paris, et vont chercher des refuges contre les assassins.

Les nouveaux mandataires du peuple s’observent; chacun se trouve placé vis-à-vis de son ennemi: ce sont des haînes toutes formées qui vont secombattre. Le proscripteur s’étonne de voir là celui qu’il a porscrit la veille, On considère avec effroiDanton, dont le maintien terrible, dontleregard féroce, semblent encoredonnerlesignal des massacresdu 2 septembre. Près de lui est Robespierre, dont la figure exprime une cruauté plus tranquille et plus insatiable : tout est composé, tout est humble dans sa démarche; son sourire est effroyable, même quand il s'adresse à ses amis : les hommes et les femmes des iribunes paraissent n’avoir des yeux que pour lui. A son côté est un être difforme, hideux, qui voudrait paraître l’égal de Robespierre et de Danton : ceux-ci dédaignent leur complice, leur instrument; c’est Marat : il rend à d'Orléans tous les mépris qu’il vient de recevoir. Plusieurs des nouveaux députés se pressent autour d’eux; on distingue, parmi ceux-ci, BillaudVarennes, Collot-d'Herbois. Le crime se présente chez eux sous un aspect différent : l'an semble l'avoir médité dans la profondeur des cloîtres; l’autre l’avoir respiré dans ses orgies. On ne connaît pas encore les noms de tous ceux qui forment cet épouvantable cortége. Quelques-uns ontunair méchant et stupide, qui promet tout à ceux qui voudront les employer; d’autres montrent le délire du fanatisme : tous regardent avec respect un paralytique au front calme, au cœur de tigre, qui se fait porter au milieu d'eux; c’est l’atroce Couthon. Deux hommes, jeunes encore, forment un contraste avec les êtres sanguinaires qui les entourent : ce sont Pelletier-Saint-Fargeau et Hérault-de-Séchelles. Le premieraladécence et même la fierté des anciens magistrats: le second n’a dans les traits rien quine doive servir à l'expression del’ame la plus heureuse et la plus confiante :ce sontmaintenant les courtisans du crime. Les députés de ce parti se sont déjà emparés de ces bancs d’où une minorité turbulente a dominé les deux précédentes as= semblées, etqu'ils appeleront {4 Montagne,