Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

NATIONALE. 5

Guadet, Brissot, Vergniaud, tousleuramis, dans l'empres-

* sement de fuir des collégues qu’ils détestent, vontse retirer sur des bancs où siégeaient tout-à-l'heure leurs premiers adversaires. Toute la faveur de la majorité de la convention paraît d'abord se tourner vers les girondins : on vient rendre hommage à leurs talens; on leur donne mille éloges, qu'ils reçoivent avec trop de complaisance; et déjà peut-être quel-

ues-uns de leurs partisans en ont concu de l'envie.

Pétion estnommeé président. Manuel veut que de nouveaux honneurs soient attachés à cette fonction. Les murmures de l'assemblée accueillent cette proposition comme un outrage à l'égalité. Le triomphateur de la dernière fédération a déjà épuisé toute sa gloire.

Les girondins tressaillaient de plaisir en pensant que le moment était arrivé où ils allaient proclamer la république : ils s’imaginaientqu’elle était le désespoir des jacobins qui avaient

arlé de dictature, ou qui se promettaient de régner sous le nom de d'Orléans. Une discussion vague s'était engagée. Cha. cunproposait quelque choseà détruire,et cherchait par quelles ruines il pouvaitsesignaler. Les premiers orateurs semblaient abandonner cette gloire usée à leurs collégues les plus vulgaires. Le comédien Collot-d'Herboiïs annonce qu’il a à proposer une abolition plus importante; c’est celle de la royauté. À ce mot, la salleretentit d’applaudissemens, l'enthousiasme paraît d'autant plus vif, qu’un grand nombre le feint. Les girondins selèvent avec transport, crient aux voix,etretombent sur leurs bancs, désespérés de ce qu'an assassin du 2 septembre leur enlève le prix de leurs travaux. D’Orléans, à qui ce mouvement ne laisse plus que ses crimes sans salaire, fait éclater de la joie.

Cependant quelques députés veulent calmer cette délibération; elle sera, disent-ils, plus digne du peuple, si elle estentréprise avec solennité : l’un d’eux va même jusqu'à penser qu'une telle question doit être soumise à la nation. Ünorateur lui répond, en commencant le tableau des crimes de tons les rois de la terre. Ilest interrompu par Ducos, le plus jeunedes girondins. À quoi bon tous ces faits, dit-il? Les crimes de Louis XVI suflisent pour faire proclamer labolition de la royauté. Le décret est porté, et les deux côtés ennemis de la salle se renvoient les cris de vive la république, comme pour s’en accabler réciproquement.

Quandcette nouvelle retentit dansla France ,tons lesuartis en furent confondus. Plusieurs de ceux mêmes qui jugéaient la république, ou utile on indispensable rougirent de l’auteur et de l’époque de sa proclamation.

Un tel objet pouvait seul empêcher que le premier débat