Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

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ehocs de factions, par les horreursd’une famine, par desvengeances effrénées, plutôt que par de justeschâtimens, on aime à considérer dans tous ses détails cet événement donné par le ciel et conduit par des hommes. D'abord la convention y paraît un instrument aussi passif du bien qu’elle le fut de tant de crimes. Elle est délivrée deses tyrans les plus formidables, mais elle a perdu la plupart de ceux qui semblaient destinés à l'hônorer ; elle est entraînée par l'indignation , long-temps captive, de quelques hommes de bien, et plus fortement encore par ceux qui ont reçu l'élan d’un beau repentir; elle leur résiste aussi faiblement dans leur retour qu’elle avait d’abord résisté àses tyrans. Cependant elle marche vers son indépendance , ou plutôt vers une longue domination; elle a pris une politique tortueuse , défiante, opiniâtre; tous les partis croientpouvoirinsulter à savieillesseméprisée; mais sa vieillesse est armée de précautions et d'artifices. Long-temps jouet dela révolution , c’est elle aujourd’hui qui lui commande : tout lui convient pour une victoire, mais elle sait en user avec ménagement ; elle ne calme pointles factions , mais elle les contient quand il lui plaît de les contenir; elle triomphe au-dedans , au-dehors; et, ce qui la flatte encore plus, elle va commencer un autre règne sous un nouveau nom, sous de nouvelles formes.

J'ai à considérer la convention sous ces différens aspects ; mais elle ne fait elle-même qu’une partie du vaste tableau que cette époque doit offrir à lhistorien. Le plus étonnant, le plus terrible phénomène vientsaisirtoute l'attention: c’estun peuple placé au premier rang dela civilisation, qui est menacé de la perdre et de la détruireautour de lui. La France, en deux années, recoitautant de secousses desespropreshabitans que l’empire romain en reçut dans les trois siècles de sa décadence et sous les coups de cent peuplesbarbares. Sa chute doitcauser le même ébranlement. Ce ne sont pas seulement les sciences, les. arts consolateurs , les arts utiles qui vont périr; ee sont les premiers liens de la société, les plus saintes affections quisont rompus avec fureur. L’imagination ne peut concevoir une plus affreuse pensée qu’un tel peuple exerçant ses füreurs aw centre de l'Europe. Cependant cette même époque offre, d’un. autre côté, les plus beaux exemples de vertu ; et si l'on a peineà imaginer comment les germes d’une telle atrocité pouvaient setrouver cachés dans les mœurs douces et légères dont nous nous félicitions, on admire que tant de beaux dévouemens soient sortis du sein de notre longue mollesse. Malheureusementil n’est pas au pouvoir de l'historien d'éclairer une multitude de bellesactions, qui eurentmieux que la gloire pour objet, et qui ont en mieux qu’elle pour récompense. Je cher