Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

6 CONVENTION

n'appartint à la haîne. Lesairondins voulaient confondreleurs adversaires par la vivacité et l'audace de leurs attaques. Des meurtres qui venaient de se commettre dansle départementde Ja Marne, les désordres qui se renouvelaientà chaqueinstant à Paris fournirent à Lasource l’occasion de parler à peu près en ces termes : «Vous venez de créer larépublique, mais voulez» vous que son berceau nage dans le sang ? La république ! » ce mot rappelle toutes les vertus, etnous sommes entou rés » de tous les crimes. La république, en naissant, sera-t-elle la » proie de quelques centaines d’assassins ? C’est sur vos têtes » aujourd’hui qu'ils balancent leurs glaives; ils semblent » s'être chargés des vengeances du trône. Oui, suivez-les: » ceux qu'ils menacent, ceux que ja commune de Paris a na» guère frappés de ses mandats d'arrêt, ce sont ces intrépides » défenseurs du peuple qui ont arrêté une cour perfide dans » tous ces complots, et qui ont conduit la catastrophe de sa » chute, Pourquoi cette guerre déclarée aux soutiens de la li» berté? C’est qu’une tyrannie se prépare; toutes ces haches » qui promènent la mort sont le cortége d’un dictateur qui se » cache encore, et qui va bientôt paraître. Peut-être aussi » a-t-il des complices qui lui demandent le partage de sa san» guinaire domination. Aussi nous parle-t-on tour-àx:tour de » dictature et de triumvirat; et cesnoms abhorrés dans l’his» toire n’auront jamais été plus souillés que par ces hommes » infimes qui s'apprêtent à les usurper. »

« Nommer le dictateur; nommezles triumvirs », s’écrieDanton, qui semble dans ee moment adoucir la férocité de sa voix et de ses regards. « Nommez le dictateur ! s’écrie Merlin de » Thionville, s'ilest parmi nous, j'irai lui enfoncer un poi» gnard dans le sein ». Il se fait un tumulte affreux dans l’assemblée; quelques voix ont nommé Robespierre , d’autres Danton, d’autres Marat : les accusations se dirigent en mêmetemps contre la députation de Paris, contre toute la commune de Paris. On s'invective, on se mêle; vous diriez un combat qui commence. Danton seul, au milieu de ce trouble, peut se faire entendre. « Quelque afiligeant que soit pour le peuple, » dit-il, un orage élevé sitôt entre ses mandataires, j'espère » qu'il va étoufter dans leur germe des soupçons et des haînes » funestes à la patrie : que les accusateurs s'expliquent done » avec autant de précision que de liberté; que chacun desac» cusésréponde sur les faits quiluisont reprochés.Je n’ai point » entendu, sans rougir, mêler mon nom à celui de Marat; la » plus aveugle inimitié peut seule me dégrader à ce point. Je ». n'aime point Marat; mais les excès qui vous causent, àvous, » tant d’épouvante, m’inspirent à moi de la pitié; ilest des » excès qu'il faut plaindre, ce sont ceux du patriotisme. Les