Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

NATIONALE. È

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» persécutions dont les ennemis de la liberté l'honorèrent, les » souterrains dans lesquels il a vécu ont donné à son ame, à » son esprit un feu sombre; c’est une tête volcanique. Est-ce » Jà le dictateur que vous redoutez ? Ou montrez moins d’ef» froi, où choïsissez-en mieux l’objet. » Danton ensuite se justifie, s’exalte, ne ditrien de Robespierre; mais il est trop contraint dans ce rôle défensif, et il produit une absurde cafomnie qui ferapérir les girondins. « Îl n’y a que peu dejours, » continue-t-il, quelesalutde la patrie était enccre dans mes » mains; j'ai vu tous ses dangers : l'ennemi marchait vers Pa» ris; à chaque instant de nouvelles trahisons semblaient Jui » en ouvrir les chemins: nous résolûmes de nous ensevelir » sous les ruines de cette ville plutôt que de labandonuer:eh » bien! il y eut alors des hommes assez lâches , assez perfides » pour concevoir, pour proposer même leprojet d’une retraite » honteuse vers le Midi; voilà pourquoi ils feignirent tant de » s'étonner, de s’indigner des mesures énergiques que nous » prîmes pour la défense commune. Ils voulaient aller dansles » départemens désunis exercer une dictature plus véritable » que cellé dont ils nous offrent le fantôme, Ces méprisables » ambitieux cherchent encore à déchirer la république par le » fédéralisme. Haîne à la dictature ! haîne au fédéralisme ! » Proscrivez à-la-fois ces deux pensées monstrueuses. »

Cette diversion avait déjà produit un effet assez sensible sur Vassemblée ; la crainte de ce prétendu fédéralisme balancçait l'horreur d’une tyrannie déjà existante. Robespierre se lève après Danton. Jamais ce froid orateur ne fut plus au-dessous du rôle auquel la destinée l’appelait; il fatigua l’assemblée du poids de son orgueil et de son ineptie ; à chaque instant, d’amères dérisions, de sanglantes apostrophes l'interrompaient , le troublaient, sans pouvoir rien changer à l’accablante monotonie de son discours. Un homme de son parti {il se nommait Osselin) céda à son impatience. « Cesse, Robespierre, luidit» il, de nous parler de toi-même; réponds à cette seule ques» tion : As-tu aspiré à la dictature? » Robespierre le regarda d'an air farouche , et ce coup-d’œil dut lui annoncer la mort. On finit par se jouer du trouble et dela confusion du tyrau;et on se trouva encore plus loin de la pensée de le punir. Malheur aux hommes chez qui le sentiment du ridicule affaiblitcelui de Tindignation ! Elle parut pourtant se réveiller à la vue de Marat occupant la tribune. On avait long-temps douté qu'untel monstre existât. Les patriotes eux-mêmes supposaient peutêtre, sans le croire, que ses feuilles sanguinaires étaient le crime caché de quelque royaliste qui voulait déshonorer la liberté par ses excès. Le 2 septembre n’avait que trop attesté son existence; on Pappelait un représentant de la nation. E