Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

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s’animaient d'une sinistre curiosité, tandis qu'onfaisait lecture de ces pièces : elles fournissaient de bien faibles preuves contre Louis, mais c’étaient des charges nouvelles. Ils affectaient de frémir d'horreur en écoutant ce qui leur faisaitpitié.C’étaient, pour la plupart, des conseils, des projets, que Louis, dans ses dangers, sur-tout danssa faiblesse, appelait detoutes parts, sans en suivre aucun; c'étaient de méprisables détails sur lesmanœuvres que la cour essayait quelquefois de faire jouer pour détourner les mouvemens dirigés contre elle. En un mot, tous ces papiers ne présentaient à un homme impartial que des indices assez confus de ces petites intrigues que l’ex-ministre Bertrand a révélées dans ses mémoires, comme untémoignage de sa dextérité dans les affaires.

L’attention des jacobins devint plus vive lorsqu'ils entendirent nommer différens députés des assemblées constituante et législative, qui y étaient représentés comme vendus ou dévoués à la cour. Nous avons vu qu'avant le 10 août elle s’adressait souvent à ceux dont elle paraissait avoir le plus à craindre, tels que Danton, tels que Lacroix, tels même que les chefs des girondins , quand elle avait l'espoir de Les désarmer. Soit que ce fût l’effet du hasard, soit que Roland eût pris des précautions dans sa recherche solitaire, ni ses amis, ni ses ennemis ne se trouvèrent, directement attaqués. Guadet, Ver gniaud et Gensonné étaient seulement mentionnés comme des hommes dont on pourrait faire cesser l’opposition. Le genre de liaisons que Mirabeau avaiteues avec la cour y était dévoilé; les jacobins se vengèrent sur sa mémoire, son corps fut arraché du Panthéon. Deux députés de la convention étaient aceusés, au grand étonnement de l'assemblée et au leur même : Vun était Barrère , l’autre, Merlin de Douai. Le premier surtoutne pardonna pas à Roland ce trait inofficieux.— Au reste, l’accusation était absurde pour l’un et pour l’autre; leur justification fut entendue avec faveur , car ils flottaient entre les partis, et les partis les ménageaient. Barrère , qui présidait alors l’assemblée , s’empressa de quitter le fauteuil. Guadet s’y assit intrépidement , quoiqu'il fût lui-même nommé dans les pièces. Les jacobins éclatèrent en murmures ; ils opposèrent l'arrogance de Guadet à la touchante humilité, à la douleur respectueuse de Barrère : ce fut alors que Guadet lança aux jacobins un des sarcasmes dont son éloquence était toujours armée. Après une courte apologie, il dit : « Si jamais quelque » bassesse, si quelque forfait pesait sur ma conscience, il ne » me serait peut-être pas difficile de le faire oublier ; caron » sait assez sous quel étendard il faut marcher pour obtenir » l'impunité de ses crimes , de ses brigandages. »

L'existence de l'armoire a été révoquée en doute par plux