Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

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mencèrent ayec Louis le travail de sa défense, qui portait sur cinquante-sept chefs d'accusation , et sur un nombre infini de pièces. Le temps les pressait; ce travail surpassait, non leurs zèle, mais leurs forces. [ls demandèrent à la convention depouvoir s'adjoindre un nouveau défenseur : leur choix fut bien inspiré, ils indiquèrent Desèze. La convention le leuraccorda, Ces faveurs successives offraient quelques lueurs d'espérance pour Louis; Malesherbes avait produit cette espèce de révolution. D’autres hommes briguèrent le même danger, et c’étaient pour la plupart des proscrits qui avaient eu le bonheur d’écha Pper à la haîne des dominateurs du jour. Ils demandaient une garantie pour rentrer en France pendant le temps seulement que durerait le procès de Louis : c'était de leur part une confiancecourageuse. Il n’y eut pointde garantie pour Malesherbes. Du sein de leur retraite, Necker et Lally publièrent deux éloquentes défenses pour le roi. Elles retentirent dans l'Europe : elles furent à peine remarquées de l’étran ge et terrible tribunal qui allait prononcer sur Louis. L’ex-ministre Bertrand , peutêtre imprudent dans son zèle, écrivit de Londres au président de la convention qu’il possédait plusieurs pièces qui justifiaient Louis XVI sur tous les points. Il en envoya quelques-unes, qui ne furent pas lues. On prétend cependant que connues de plusieurs membres dela convention qui s’y trouvaient inculpés, elles produisirent sur eux un vifeffet de crainte et de ressentiment. Si l’on en croit Dumouriez dans ses mémoires , Danton, qui lui avait promis de sauver les jours du roi, changea brusquementde parti, indigné ou effrayé des révélations annoncées par Bertrand.

Louis ne pouvait placer que peu d’espoir sur l’intercession des cours étrangères. Une nouvelle coalition se formait pour réparer les fautes et les désastres de la première : tout était en agitation dans les cabinets de l'Europe. On voulait opposer aux fureurs de la nation française, l'horreur des peuples. Ces considérations ont suffi à quelques observateurs pour leur faire Prononcer que plusieurs cours ne voyaient dans le coup fatal qui allait être porté que ce qu'il avait de favorable à leurs projets. À l'exception de l'Espagne, elles ne firent rien pour l'empêcher; mais il est difficile de déterminer comment leurs eflorts eussent été dirigés. La plupart étaient déjà en guerre avecla république francaise, qui les haïssait comme ennemies . et les méprisait comme vaincues. D'autres conservaient encore une neutralité qui leur était depuis long-temps importune, et qui déjà était suspecte à la France. El n’y avait que peu d’hommes dans la convention quisussent juger de quel prix était cette neutralité. L'orgueil de ce corps eût joui de recevoir et de re