Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

40 CONVENTION

jeter les prières des rois, et sa fureur se fût accrue par leurs menaces. M. Pitt opposa ces motifs à la vive et pathétique sommation qui lui fut faite, au nom de l'humanité, par MM. Fox, Shéridan et Grey, de présenter l’intercession da roi d'Angleterre en faveur du dernier roi de France. Le vœu de ces éloquens défenseurs de la liberté pouvait avoir un effet plus puissant que la démarche même qu'ils conseillaient ; mais l'autorité de leur nom n’était rien en France pour des hommes sanguinaires, qui ne défendaient pas, mais qui profanaient Ja liberté. |

Le 26 décembre, Louis fut amené de nouveau à la barre de la convention. Desèze prononca pour lui un plaidoyer, moins remarquable encore par l’ordre, la clarté et la force des raisonnemens qui justifiaient Louis, que par l’art avec lequel il confondait ses accusateurs, en évitant sans cesse de les irriter.

La convention, qui avait si mal préparé son indépendance avant de s'occuper de ce procès, flotta dans de continuelles incertitudes pendant une longue discussion; dans cette unique circonstance, elle se fit une loi de modérer l’impétueux désordre de ses débats. On eût dit qu’elle attendait, pour frapper, qu’elle y fût contrainte. Elle semblait moins vouloir prononcer arrêt que l’attendre de la fatalité.

Les girondins voulurent être subtils, quand il ne fallait être que justes; ils inventèrent l'appel au peu ple; système par lequel Louis devait être condamné, et pouvait ne pas périr. Un ju-

ement porté par vingt-quatre millions d'hommes leur paraissait être le sublime de la démocratie; ils se croyaient assurés de vaincre, avee une telle combinaison, les jacobins dans le

lus fol excès de leurs principes. Tout porte à croire que, mattres de tenter cette épreuve, ils leussent bientôt abandonnée. Un pareil jugement n’eût pas porté seulementsurle prisonnier du 10 août, mais sur cette journée même. C'était ramener la convention à ses plus affreuses terreurs, tandis qu’il fallait Vétourdir sur celles dont elle était déjà obsédée. Dans une cause si terrible, ils ne virent que le triomphe de leur popularité. La discussion ne répondit point à leur attente. En se refusant à exciter la pitié pour Louis, ils affaiblirent ’indignation dont ils voulaient couvrir ses accusateurs. On vit plusieurs des girondins, et particulièrement Guadet, Buzot et Barbaroux, se piquer de je ne sais qu’elle émulation de retracer mieux que les jacobins eux-mêmes tous les prétendus crimes de Louis. Le flegme cruel avec lequel ils répétaient, Louis a mérité la mort , avait quelque chose de plus sinistré que les déclamations et les cris forcenés de ces jacobins.

Plusieurs députés montrèrent une noble et sage indépen=