Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

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roi, on s’occuperait de celui de Marat. Cependant Marat demeurait accusateur et juge de Louis. —« On vous a fait ré» voquér, disaient encore les girondins , avec une précipita» tion peu digne de vous, un décret demandé au nom des plus » pressantes alarmes de la liberté, celui qui exilait les Bour» bons du territoire de la république; cependantun Bourbon » siége dans cette enceinte ; n’a-t-on voulu que lui préparer » unsanglant héritage ? on peut le juger au moins par le choix » deses alliés .»—On promettait qu’on examinerait denouveau la proposition de l'exil des Bourbons; cependant ce d'Orléans restait encore accusateur et juge de Louis.

Le discours de Vergniaud porte un caractère remarquable entre tous ceux qui furent prononcés. Il ne défen dit Louis que par le système de l'appel au peuple; mais du moins il lui épargna les repreches et les outrages. Il annonça les événemens qui suivraient sa mort, comme si le livre decette terrible histoire avait été présent à ses yeux. Jamaisilne se montra plus éloquent ; il l’éût été encore davantage, s’il avait osé juger Louis comme l’histoire le jugera,

Le 15 janvier , la discussion fut fermée : on régla la série des questions qui allaient être décidées.

Sur la première question : Louis est-il coupable P l’afhrmative futarrachée à plusieurs de ceux qui voulaient le sauver, par la crainte d’irriter les fureurs populaires. Cependant trente-huit députés cherchèrent des excuses à Louis, dans sa

faiblesse , dans les agressions qui avaient été faites contre lui; ‘ ou bien ils trouvaient une expiation suffisante de ses fautes, comme monarque constitutionnel, dans son malheur actuel, « Comment voulez-vous, dit Lanjuinais, que je prononce » comme un juge sur Louis ? Je me souviens qu’il est venu de» mander un asile dans cette enceinte. Je respecterai toujours » en Jui ie droit des supplians. »

On passe au second appel nominal : Le jugement de Louis sera-t-il soumis à la sanction du peuple P Cet appel nominal fut long et tumultueux. Deux cent quatre-vingts voix admirent la sanction du peuple, quatre cent vingt-quatre la rejetèrent.

Déjà deux jours s'étaient passés depuis la clôture de la diseussion ; il fallut renvoyer au lendemain, 16 janvier, la discussion sur la peine qui serait infligée à Louis. Les jacobins savaient que la discussion, en ébranlant le système de l’appel au peuple, avait paru faire dominer la proposition du bannissement à la paix. Ils profitèrent de la nuit pour concerter toutes les mesures de menaces et de terreurs qu’ils voulaient ajout= ter à celles de la veille. À leurs voix, tous les hommes du 2 septembre accoururent armés de sabres et de bâtons : ivres du sang qui leur était promis , ils avaient assiégé de bonne heure