Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

NATIONALE. 45

» de voter la mort. La mort a sufli à la vengeance des » vrais républicains ; et c'est vous qui voulez ajouter aux » horreurs du supplice du tyran, qui naguère était objet » de votre commisération! ou plutôt vous voulûtes le sauver, » le sauver sans en faire l’aveu ; vous le voulez encore ; x tous vos délais , tous vos artifices ne tendent qu’à l’arra» cher à la convention, qui vient de le condamner , au » peuple qui l'attend. »

Ce discours de Robespierre fut pour tous ses ennemis, un avertissement de mort : il répondit aussi aux défenseurs de Louis; il annonça qu’il voulait bien leur pardonner leurs observations , et à Malesherbes ses larmes. On frémit ; on sentit qu’il avait juré la mort du plus digne vieillard, au ton dont il annonça sa clémence. Malgré la résistance des jacobins , le sursis fut encore mis en question et jugé par un nouvel appel nominal. J'ai décrit la terreur qui avait présidé au dernier ; les fureurs redoublèrent à mesure que le moment du sacrifice approchait. Le sursis fut rejeté à la majorité de 380 voix contre 310.

Le 17 janvier, Malesherbes était entré dans la tour du Temple : ilse jeta aux pieds du monarque condamné. Louis le comprit, le consola , demanda des détails, entendit avec surprise, mais sans trouble , tout ce qui devait déchirer son cœur : il se livra faiblement à l'espoir du sursis que Malesherbes lui présentait, et comme s’il eût voulu seulement ménager la douleur de son ami. Il resta quelque temps enfermé avec lui; et quand il le vit partir, il le suivit des yeux avec attendrissement. Il eut à supporter pendant deux jours Le supplice de l'attente: ce sursis serait-il accordé? Il disait souvent avec tristesse : Je ne vois point revenir M. de Malesherbes. Louis, aux approches de la mort, ne cessa d’être soutenu par le sentiment céleste qui, un mois auparavant , et lorsque sa destinée était encore incertaine, lui avait dicté son testament. Il n’est personne qui n'ait maintenant présent au cœur cet acte, l’un des plus beaux dont la religion elle-même aït à s’honorer.

Ce n’est plus Malesherbes qui revient vers, lui. Un bruit sinistre retentit dans le Temple; le ministre de la justice, Garat, a été condamné à venir lire.à Louis le décret de mort. Aux mots de conspiration contre l'Etat, Louis semble vouloir réclamer contre l'injustice des hommes ; au mot de mort, Louis me voit plus que le ciel. Il remet au ministre de la justice une lettre adressée à la convention. 1 y faisait plusieurs demandes. Quelques-unes lui furent accordées; mais fut-ce l'humanité , ow plutôt ne fut-ce pas une -cruauté dérisoire qui engagea la convention à déclarer