Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3
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enivrée, comme dans les années de 1792 et de 1703, du fans tisme révolutionnaire. Elle recevait toutes les promesses des jacobins sans joie, sans illusion , Mais elle écoutait sans horreur les menaces qu’ils faisaient à leurs ennemis. Ulle se tepait loin du combat, et ne se fût présentée qu’au moment des dépouilles. Son apathie faisait le désespoir des jacobins, qui d’ailleurs cherchaïent en vain parmi eux des chefs capables de l’agiter violemment. Leur ascendant se faisait plus sentir aux dépositaires de l’autorité. Deux des nouveaux directeurs, Gohier et Moulins, paraissaient s'appuyer sur ce parti, ou du moins montraient une grande crainte de loffenser. Un troisième, Barras, qui ne s'était conservé au directoire que par labandon qu'il avait fait de ses collégues , craignait de réveil ler le souvenir des griefs qui lui étaient communs avec eux. Il paraissait rechercher l'alliance des jacobins, qui gardaient avec lui une fierté, gage de leur ressentiment. La conduite que tint le directeur Sieyes dans des circonstances aussi difficiles obtiendra sans doute les plus justes éloges de l’histoire. Secondé d’un seul de ses collégues, Roger Ducos, sans puis= sance réelle, puisqu'il n’entraînait ni la majorité du directoire, ni celle du conseil, qui avait l'initiative des lois, il servit de ralliement à tous ceux qu'épouvantait le nouveau règne des jacobins; son nom était une autorité. Ses premiers écrits, son long silence, le dédain qu’il avait annoncé pour des constitutions imparfaites, tout faisait croire que dans le moment même où il s'élevait avec fermeté contre les entreprises des démocrates, il était prêt à présenter un système entier de lois qui donnerait enfin de la fixité à une république toujours ébranlée. Malgré le profond mystère de ses méditations, on soupconnait qu’il voulait établir une aristocratie vigoureuse combinée avec quelques élémens de la monarchie. Les projets qu’on lui supposait éveillaient tous les projets. À aucune époque de la révolution, on ne vit plus d’intrigues ni plus de “plans divers. La constitution, qu'on paraissait encore invoquer, n’inspirait plus de confiance à Personne. Aucun parti ne se présentait pour la protéger : toute la question était de savoir si elle périrait par le feu des séditions, ou si elle serait écartée sans violence pour faire place à un système plus solide. Hors du pouvoir, et dans le pouvoir même, chacun croyait avoir le secret, ou cherchait à se donner l'importance d'une grande intrigue. Il y avait peu de réunions où l’on ne discutât les moyens de changer le gouvernement de la république. Il se formait par degrés une confédération anti-jacobine, et l’on y voyait entrer des hommes qui, ayant longtemps montré du penchant pour les principes démocratiques, ne voulaient plus les suivre dans leurs conséquences les plus