Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3
EXECUTIF. 217
cobins, lorsque, après le dix-huit fructidor , ils soutinrent une lutte contre le directoire, prompt à les accuser, et timide à les punir , avaient eu soin d’écarter des principes d’une folle démocratie qu'ils continuaient à professer , les maximes sanguinaires dont plusieurs d’entre eux avaient fait de si cruelles applications , et qui, s’ils n’osaient plaindre les victimes, au moins ils avaient condamné les principes du dix-huit fructidor. Mais, dans une secte politique qui tire toute sa force des passions de la multitude , les promesses de modération, lors même qu’elles ne sont pas hypocrites, sont bientôt démentiess= l'horreur de tous les crimes s’efface dans une société où la tiédeur est le plus grand des crimes. Les jacobins reparaissaient sous les mêmes auspices qui avaient rendu leur puissance sf formidable. Le prétexte de la vengeance avait manqué à la plupart des supplices et des massacres qui avaient signalé leur premier règne ; que ne devait-on pas craindre d’eux lorsqu'ils avaient vu frapper un si grand nombre de leurs compagnons _ dans l'Ouest et dans le Midi, et lorsqu'ils mettaient au nombre de leurs martyrs ceux même que le directoire avait fait condamner dans le flagrant délit de la sédition ! Gracchus Babœuf, dont ils honoraïent la mémoire , avait poussé son audace extravagante jusqu’à invoquer des lois agraires. À son exemple, quelques-uns des jacobins appelaient le partage des biens, et ce vœu n’était condamné par les autres que comme un principe exagéré. Un grand nombre de membres du conseil des cing-cents assistaient à ces absurdes délibérations , et regardaient cet enthousiasme comme le seul moyen de salut public dans les dangers de la patrie. Ils se flaitaient de diriger ce torrent, mais ils ne faisaient rien qui n’ajoutât à la violence et à la rapidité de son cours. C’était un moment d'alarme dans tout Paris que celui où les jacobins sortaient de la vaste salle du Manége , qui suflisait à peine au nombreux concours de leurs agrégés. Ils se répandaient dans le jardin des Tuileries , et l'épouvante croissait en raison de léur joie. Les chants belliqueux de nos armées ne paraissaient dans leur bouche que des chants de mort. Tous les symptômes d’une seconde terreur apparaissaient. Eloignés depuis long-temps des affaires publiques, la plupart des citoyens sages et éclairés dissertaient sur la possibilité d’un nouveau règne de sang, comme s’il se fût agi de l’un de ces événemens que les efforts humains ne peuvent détourner. Quelquefois on justifiait son inertie par des motifs de sécurité aussi vagues que ceux-ci : « On ne peut, » disait-on, éprouver deux fois un fléau aussi terrible; la puis» sance des assignats manque aux jacobins , le peuple est dé» trompé sur Eux ; l'armée les repousse. » ILest vrai qu’on ne voyait plus la multitude de la capitale
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