Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

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nobles, et même des chefs vendéens qui avaient auparavant témoigné de l’aversion pour une guerre telle que celle de la chouannerie : c'était la funeste loi des otages qui leur valait ces puissans auxiliaires. Elle se discutait encore, que déjà les seuls hommes redoutables qu’elle pouvait atteindre étaient sous les armes. Ils usaient de représailles, et, dans les villes qu'ils surprenaient, ils arrétaient des familles de législateurs et de fonctionnaires publics, qui répondaient du salut de leurs propres familles; tant il est dangereux d'ajouter de nouvelles rigueurs au droit des gens déjà si effroyable qu'on suit dans les guerres civiles (1). D’Autichamp, l'un des Vendéens les plus valeureux, ne put tirer qu’un faible parti d’une armée de huit mille hommes ; il surprit des villes aussi peu importantes que Cholet et Montaigu, mais il attirait sur lui l'élite des forces républicaines. Châtillon, plus heureux à la tête de deux mille chouans, après avoir remporté un avantage sur un petit corps de troupes, en obtintun prix inespéré, il put entrer dans cette ville de Nantes qui , cinq ans auparavant, avait résisté à l’armée la plus nombreuse et la plus brillante de la Vendée. Mais il n’eut pas le temps de jouir de ce succès : avant la nuit, les Nantais, revenus de leur surprise, l'avaient déjà forcé à la retraite. Un autre chef des chouans, Bourmont, soumettait presque toute l'ancienne province du Maine , et vengeait de son côté, dans la ville du Mans , le désastre le plus horrible qu'eût éprouvé l’armée royale et catholique. Saint-Brieux , la Roche-Sauveur tombaient au pouvoir des deux chefs de chouans, Le Mercier et SaintRégent. Frotté obtenait aussi des avantages considérables dans la Basse-Normandie. Il est à remarquer que la république apprenait coup sur coup des nouvelles aussi humiliantes dans le moment même où les victoires du général Massena et du général Brune venaient d'arrêter la nouvelle coalition dans ses triomphes, comme si sa destinée eût été de ne point périr par la guerre, mais par l’anarchie,

Je passe aux faits militaires qui précédèrent l’arrivée de Bonaparte en France. La bataille de Novi avait décidé pour les Français la perte de toute l’italie, à l'exception du seul territoire de Gênes. Le général Joubert , militaire plein de bravoure et de loyauté , maître de toutes ses passions , excepté de son courage dans un jour de combat, avait été nommé pour remplacer le général Moreau dans le commandement de l’armée d'Italie. Dans le court intervalle où le directoire l'avait laissé sans emploi, il avait préparé et

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(x) La plus belle et la plus courageuse réclamation qui fut faite contre cette futeste loi des otages fut l’ouvrage de M. Morrellet.