Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3
APPENDICE. 239
diplomatique , mais les propositions pacifiques qu'il fit le 25 décembre 1799 au cabinet de Saint-James, furent discutées dans le parlement , et les papiers anglais rendirent compte des débats qui eurent lieu à cette occasion. Les opinions de lord Grenville, de sir Dundas, et de M. Pitt furent, comme on devait s’y attendre, de ne point mettre de terme à la guerre. ,
Cependant la confiance se raffermit dans l’intérieur, Le général Brune est envoyé dans les départemens de l'Ouest et la Vendée dépose les armes. Le nombre des ennemis de la république diminue aussi au-dehors. Paul [er rappelle ses troupes , se retire de la coalition , et la France consulaire n’a plus à combattre que l'Angleterre, PAutriche , l’empire d'Allemagne, et le contingent de la Suède. Bonaparte se prépare à une seconde conquête de lPltalie où le cabinet autrichien avait résolu , d’après le plan concerté avec la cour de Londres , de porter le principal effort de ses armes. Le général Massena s’y soutenait avec le dévouement le plus généreux à ia tête d'une armée affaiblie , qui manquait de tout, à qui lon devait plus de deux millions de solde, et qui avait passé l’hiver, au milieu des neiges et des privations les plus cruelles, devant un ennemi maître de prendre les meilleures positions. Le général Moreau qui, dans la révolution du 18 brumaire , n'avait pris qu’une part équivoque aux événemens importans dont elle avait été marquée, et avait laissé soupçonner son zèle, est envoyé sur le Rhin. Bonaparte passe le Saint-Gothard ; ïl renouvelle le prodige dont Annibal avait autrefois étonné l'univers et que l'audace chevaleresque de François ler avait imité depuis. L'armée de réserve qu'il avait formée à Dijon, le 5 avril 1800 , se précipite tout d’un coup, au cœur de l'Italie sur les derrières des Autrichiens. Gênes venait de tomber dans leurs mains après une résistance héroïque et au moment même où ils allaient s’en éloigner ; la fameuse bataille de Marengo , livrée le 14 juin, ne leur permit pas de jouir de cette conquête et leur ferma l'Italie. La victoire pendant toute cette journée avait paru se décider en faveur des Autrichiens ; Bonaparte eut recours à une de ces manœuvres après lesquelles la prudence ne peut plus rien , et dont la hardiessepromet le succès, mais ne l’assure pas toujours; Desaix lui épargna peut être la honte d’une défaite.
À quatre heures après-midi il s’élance, à la tête de la réserve au milieu des bataillons ennemis qui poussaient déjà des cris de triomphe, et reporte parmi eux le désordre et la confusion. Desaix, atteintd’un coup mortel, expire en prononcant ces mots : « Je finis ma carrière avec le seul regret