Quelques lettres de G. -H. Dufour (1813-1815)
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seux OU, qui pis est, pour un homme qui oublie ses amis.
Je suis arrivé à Genève en bonne santé, après avoir cependantsouffert un peu du froid, qui était assez vif sur Le Jura, et m'être maladroitement donné au pied gauche une entorse dont je me ressens encore, mais il faisait si sombre, quand je suis parti, et l'attraction qui porte tous les hommes vers le vin est si forte que je n’ai pas pu m'empêcher de dégringoler dans une cave, que j’ai trouvée ouverte sous mes pas.
Les mauvais temps et les mauvais chemins me retiennent dans la maison. Je monte cependant quelquefois à cheval et je pousse Jusqu'à Annecy; on y est actuellement en fêtes : nous sommes aux derniers jours du carnaval.
Je prévois qu'il faudra que j'aille jusqu'à Grenoble pour régler mes comptes particuliers avec le régiment ; je me passerais volontiers de cette course, mais j'ai déjà écrit deux fois au colonel Isoard, sans en recevoir de réponse; je ne lui demande que ma cessation de paiement.
Nous sommes toujours dans une ignorance absolue sur tout ce qui se fait au Congrès. Il me semble que les affaires n’y cheminent guère; toute la terre cependant attend dans la plus grande impatience; ce devrait être, je crois, un motif assez grand de hâter les opérations. Quand vous retournerez à Paris, n'oubliez pas de m’envoyer votre adresse et rappelez à M. Desaux que j’ai demandé à servir avec vous.
Faites mes complimens à vos sœurs, à Voire beau-frère, [à] votre nièce, et ne m’oubliez