Rapport historique sur les progrès de l'histoire et de la littérature ancienne, depuis 1789 et sur leur état actuel, présenté à Sa Majesté l'Empereur et Roi, en son Conseil d'État, le 20 février 1808, par la classe d'histoire et de littérature ancienne de l'Institut

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étoient nécessaires à tout, et à tout le monde, et que l'étude des fangues et des chefs-d’œuvre de l'antiquité étoit à-peu-près inutile, si elle ne l'étoit pas tout-à-fait; et, si l'on n’a pas osé s’élever contre la littérature nationale, on a du moins cherché à décréditer la littérature ancienne , sans faire âttention qu'en tarissant la source du goût, qu'on ne peut remplacer par des théories, quelqu'ingénieuses qu’elles soient, on éteindroit toute bonne littérature.

Il ne falloit cependant pas remonter bien loin pour trouver dans lhistoire un exemple frappant de la nécessité où est une nation d’allier toujours à létude des sciences celle des véritables et antiques modèles du goût, et conséquemment la philologie et la critique. Les Arabes, loin de détériorer Fhéritage des sciences, qu'ils tenoient de Îa Grèce et de Rome , l’avoient augmenté par des découvertes heureuses : mais, restés étrangers à la philologie ainsi qu’à la saine critique, leur histoire n’est qu'un ramas de contes puérils ou ridicules, remplis d’anachronismes grossiers qu'on pardonneroit à peine aux romanciers ou aux poëtes. [ls n'ont pas même tardé à introduire däns Îes sciences le goùt des vaines subtilités et des recherches futiles qui devoient en amener la décadence ; et leur littérature,