Relation des faits accomplis par les révolutionnaires genevois de 1794 à 1796 : extraite d'ouvrages contemporains, et suivie de documents inédits

LR ER

cuments sur l’époque dont nous traitons. Sachant la honte qui les attendait, ayant bien la conscience de leurs crimes, les révolutionnaires détruisirent une foule de pièces compromettantes pour eux. Pour citer un exemple de leur prévoyance, les registres du Conseil ne contiennent pas un seul mot du 24 au 28 juillet 1794, époque des premières immolations en masse faites par la Terreur. Mais il existe plusieurs collections privées où l’on trouve d’abondants matériaux.

Le but des éditeurs de ce recueil n’est point, qu’on en soit bien convaincu, d’éterniser la honte de ceux qui ont trempé les mains dans le sang. Beaucoup d’entre eux sont morts repentants ; une noire mélancolie et l'horreur qu’ils inspiraient en ontjeté plusieurs dans l'exil, en ont conduit d’autres au suicide ; d’ailleurs, les enfants ne doivent pas porter la peine de la frénésie des pères. Ils ne veulent pas davantage ranimer les haines que tant d’assassinats politiques ont dd faire naître. Que, parvenus à force d’intrigues au but de leur ambition, les agitateurs fouillent dans le passé pour y trouver de nouveaux moyens d’irriter le peuple et de se perpétuer dans les charges qu’ils exploitent... nous le comprenons, c’est dans leur intérêt, et l'intérêt est le dieu auquel ils sacrifient tout. La paix de leur patrie les touche peu, pourva qu’ils conservent par la discorde ce qu'ils ont gagné par la discorde; tel est le patriotisme de ces gens-là.

Or, voici ce qu'on a vu à Genève en dernier lieu. Quelques radicaux qui sont restés inconnus, mais parmi lesquels est le chancelier lui-même, ont jugé à propos de réimprimer la première partie de l'ouvrage de D’Ivernois, intitulé, tableau historique et politique des révolutions de Genève dans le XVIIIe siècle. Par un adroit artifice, ils n’ont reproduit que le premier volume qui leur paraissait à la gloire de leur démocratie, et ils n’ont eu garde de donner les derniers qui auraient fait sa honte. Puis, les condamaations prononcées contre l'Emile et le Contrat Social pouvant ajouter quelque chose à l’irritation des citoyens,

ils les ont jointes à cet ouvrage, en hors-d'œuvre et comme documents