Relation des faits accomplis par les révolutionnaires genevois de 1794 à 1796 : extraite d'ouvrages contemporains, et suivie de documents inédits

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ment les incomparables turpitudes de la démocratie exagérée. Que l'on remarque la différence des procédés ; l'aristocratie .avait banni D'Ivernois pour avoir voulu la détruire, la démocratie le condampa à mort pour avoir osé la blâmer. Nous avons aussi reproduit un écrit d’un des magistrats de la révolution, le Syndic Chambrier. 11 raconte l'assassinat de deux citoyens, commis par les démagogues au sortir du tribunal qui venait de les condamner à l'exil. On verra quelle anarchie régnait alors à Genève, quel mépris pour l’autorilé constituée, quoique cette autorité fût révolutionnaire, quelle résolution de se mettre au-dessus des lois, de faire tout céder à la violence, quelle soif de sang chez ces natures atrôces, qui, à toutes les époques, ont déshonoré la démocratie.

Pour établir la liaison des faits, nous avons extrait quelques pages d’une histoire de Genève, publiée il y a peu d'années par M. Thourel, avocat français. Cette histoire est écrite tout entière à un point de vue faux; c'est un journaliste radical du XIX° siècle, qui, avec ses préjugés d'homme de parti, avec ses passions éphémères, juge des faits dont il ne comprend pas l’ensemble, des hommes dont il méconnaît la portée. Il aurait voulu que Calvin et ses successeurs eussent fondé sur les rives du Léman, entre les états absolus de France et de Savoie, entre les aristocraties des cantons suisses, une petite république modèle, une démocratie absolue, pour servir d'exemple aux pays voisins, et de théâtre aux expérimentations politiques d’une certaine école. En lisant dans Thourel une des périodes les plus anarchiques de nos mauvais jours, le lecteur impartial s'apercevra facilement de l’art avec lequel cet écrivain cherche à atténuer les torts des révolutionnaires, à glisser légèrement sur les scènes de désordre et de meurtre qu'il avait à raconter. .

Nous avons joint à la fin du volume quelques pièces justificatives, ou plutôt accusatrices; on peut compter sur leur parfaite authen-

ticilé. Les archives publiques de Genève sont très-pauvres en do-