Relation des faits accomplis par les révolutionnaires genevois de 1794 à 1796 : extraite d'ouvrages contemporains, et suivie de documents inédits

EU UE

vail, l'envie des richesses, cette espèce d'ivresse qui précipite les natures ignobles dans les grands crimes pour échapper au remords des premières fautes : tout cela se retrouve aux diverses époques, car tout cela n’est que le jeu des passions, et elles n’abdiquent jamais. Quand on étudie leurs effets sur un théâtre restreint, aucun détail ne peut échapper : l’homme privé perce au travers de l’homme public, la morale de l'histoire acquiert une autorité plus grande et plus pratique.

Nous avons pris la résolution de reproduire divers écrits relatifs à la révolution de Genève de 1794, et qui datent de cette horrible époque. Nous avons préféré cela, plutôt que d'en écrire nous-mêmes la relation, évitant ainsi le reproche d’avoir jugé ces événements avec les idées d’un autre siècle, et d'avoir été injustes envers les acteurs principaux en leur appliquant des critères, des notions politiques qui sont de notre temps, et non du leur. Il eût été plus flatteur pour l’amour-propre de faire une œuvre nouvelle, que de reproduire des œuvres connues; mais notre publication est faite dans l'intérêt de la morale politique, et non pour flatter une vanité d'auteur. On attache avec raison un grand prix à retrouver dans les ouvrages historiques les impressions que les événements produisirent dans leur nouveauté. Ainsi, le lecteur s’y transporte par la pensée avec moins de préoccupation, il reçoit des impressions plus fortes et plus durables.

Un n’accusera pas les éditeurs de cette collection de partialité dans leurs choix; car l'auteur auquel ils ont le plus emprunté est ce même D'Ivernois, dont les radicaux de Genève acceptent les doctrines, puisqu'eux aussi ont réimprimé une partie de ses écrits, ce D’Ivernoïs, un des chefs du parti avancé de Genève, qui se montra si sévère contre quelques abus d’autorité que l’on put jadis reprocher à l'aristocratie, et qui, ayant fait ses preuves de vrai libéralisme, ayant émis une profession de foi non équivoque, ayant

souffert pour cette cause, avait bien le droit de flétrir énergique-