Rouget de Lisle : sa vie, ses œuvres, la Marseillaise

— Al —

voile de l'anonymat, mais toujours appuyant ses dires de sa signature et loyalement.

Paris, 7 pluviôse an 8.

« Citoyen consul,

« Je viens encore vous parler du Coëningholm, écoutez-moi comme votre ami, comme un des hommes qui désirent le plus passionnément la gloire et le bonheur de votre administration, et vous ne ferez que me rendre justice. Écoutez-moi, si vous voulez, comme un avocat, comme un avocat même salarié, écoutez-moi.

« Déconcertée par le séquestre que vous avez fait apposer sur Le Coëningholm, l'intrigue dirige toutes ses batteries vers un accommodement qu’elle voudrait extorquer des Bataves.

« Entraver la décision qu’ils ont droit d'attendre de vous, et l’entraver d’une manière inextricable, voilà son plan, ses moyens sont l’obsession et l’imposture avec la corruption en réserve.

« Ainsi, tandis que depuis plus d’un mois elle a fait insinuer à l'ambassade, par l’ex-ministre Reinhard, qu’il serait convenable de se prêter à un arrangement, d'autre part la voilà qui vient de susciter par devers Cambacérès, l'honorable Boyer-Fonfrède qui s’émerveille : de l’opiniètreté des Bataves à poursuivre une affaire qui n’est plus d’aucun intérêt pour eux, attendu que le Coëningholm étant assuré à Londres, tout le poids de la confiscation retombera sur l’Angleterre.

« Comme si, pour choisir une raison entre mille, comme si, dans une telle hypothèse, les Hollandais au lieu de s’engager dans un dédale de sollicitations aussi laborieuses, eussent eu rien de mieux à faire que de presser eux-mêmes celte confiscation dont l'acte légalisé