Rouget de Lisle : sa vie, ses œuvres, la Marseillaise

Ado

leur eùût procuré de suite le paiement de leur cargaison par les assureurs anglais.

« Est-il convenable que Cambacérès ait pu être la dupe d'une bourde aussi grossière? Est-il convenable qu'il l'ait été au point de s’en rendre l'interprète auprès de l'ambassadeur sur la foi d’un Boyer-Fonfrède ! c’est pourtant ce qu'il a fait hier.

« Pour revenir à l’arrangement en question, sous quel rapport serait-il proposable? Dans le principe, lorsque la cargaison était entière et de pleine valeur, lorsque la composition du Directoire et son refus d’intervenir rendaient la solution du problème extrêmement périlleuse, les Bataves ont pu, sans doute, se montrer disposés à un sacrifice de 300 ou 400 mille francs.

« Mais aujourd’hui que cette même cargaison est en partie avariée, que sa valeur est réduite d’un tiers par la baisse des marchandises, que les corsaires ont l’audace de porter de 12 à 1500 mille livres l'indemnité qu'ils prétendent; aujourd’hui que le régime de Bonaparte a succédé au régime de Gohier et consorts, toute transaction ne serait-elle pas offensante pour le gouvernement français ?

« En dernier résultat, que blesserait-elle cette transaction, sinon les droits des nations, les lois de la justice et de la propriété? Pour qui serait-elle exclusivement favorable, sinon pour l’intrigue et le brigandage ?

« Veuillez m'en croire, citoyen consul, il n’est qu’un moyen de finir cette affaire avec décence et dignité :

« C’est d’arracher le plus tôt possible le Coëningholm à ses usurpateurs, et de le rendre le plus tôt possible à ses légitimes propriétaires.

« N’est-il pas de fait qu’il est la propriété du gouvernement batave? N'est-ce pas un fait que toutes les ressources de la chicane, que tous les subterfuges de la