Rouget de Lisle : sa vie, ses œuvres, la Marseillaise

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l’époque où ces ressources existeront pour vous; refuser, c’est en étouffer le germe pour jamais.

€ De plus, la situation politique de la Hollande exige de grands ménagements et que vous la preniez le plus tôt possible en considération. Depuis longtemps, par le secours d’un liers, je vois à nu tous les ressorts de cette machine et je puis, sur ce qui la concerne, vous offrir des renseignements que vous n’avez ni de Lemonville, ni de Talleyrand, ni même de l’ambassadeur. Un quart d'heure d’entretien me suffirait pour vous les communiquer : je n’en demande pas la faveur, mais je l’accepterais avec reconnaissance.

«À tout événement, citoyen consul, souvenez-vous qu'une fausse manière de voir, ou que votre insouciance prolongée à l’égard de la Batavie finirait par vous susciter des embarras cruels au moment où vous désireriez le plus être tranquille de ce côté.

« Salut et respect,

€ Signé : J. ROUGET DE LisLe. »

N’obtenant rien malgré toutes ces démarches, il termine par une dernière lettre :

Paris, 18 pluviôse an 8.

« Citoyen consul,

« Après vous avoir si souvent importuné au sujet du Coëningholm, lorsque cependant je le croyais en sûreté, je serais impardonnable de me taire aujourd’hui qu'il n’y a plus un moment à perdre pour le sauver.

« Soit excès de confiance dans la dextérité de leurs agents de Paris, soit en vertu du proverbe, ils comptent sur cette impunité qui de tout temps füt l’heureux apanage des voleurs saturés, les corsaires ont cru pouvoir