Rouget de Lisle : sa vie, ses œuvres, la Marseillaise

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jeunesse et c’est là qu’il revient en 1811, ägé de 51 ans. Sa situation de fortune était loin d’être brillante, nous avons expliqué comment la droiture de son caractère et sa grande loyauté lui avaient plutôt été nuisibles qu'utiles. C’est ainsi qu'il en a toujours été quand on vit dans le monde politique où les ambitions et les amours-propres créent un milieu d’intrigues et de déceptions. Les déceptions sont toujours le lot des hommes modestes et honnêtes, quels que soient d’ailleurs leur mérite ou leurs talents.

Avec quelle émotion Rouget dut-il relire les couplets qu'il avait écrits dans sa jeunesse sur Montaigu qu'il revoyait à l’âge mür, après avois parcouru les étapes pleines d'illusions de la jeunesse et les sentiers rocailleux de l’âge viril et désillusionné.

La pièce de vers que nous reproduisons est extraite du recueil des Cinquante Chants français publiés en 1825 par Rouget.

MONTAIGU

Séjour charmant de mon enfance, Lieu d’amour et de souvenirs,

Où, dans les bras de l’espérance

Je fus bercé parles plaisirs;

Toit paternel, champêtre asile

Où tout me plait et m’attendrit,

Quels jours riants, quel sort tranquille Vous retracez à mon esprit.

Ici ma douce et tendre mère

Épia mes premiers accents;

Ici l’œil inquiet d’un père Surveillait mes défauts naissants. Aux jeunes accords de ma lyre, Ici, plein d’un trouble enchanteur,