Rouget de Lisle : sa vie, ses œuvres, la Marseillaise

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Je vis la beauté me sourire Et sentis palpiter mon cœur.

Salut, tours, antique chapelle, Ornements de ces beaux lointains ; Forêt dont l’ombre solennelle Protégea mes jeux enfantins; Salut, monts aux cimes glacées ; Salut, Ô monts audacieux,

Qui, frappant mes jeunes pensées, Avec vous les portiez aux cieux.

Que j'aime le calme qui règne

Sous ce beau ciei d’or et d'azur! Qu’avec délices je me baigne

Dans cet air balsamique et pur! Qu’avec délices je m'éveille

Aux sons rustiques el connus

Qui font renaître à mon oreille

Les temps qui ne reviendront plus...

Lieu chéri, pendant les orages, Tu fixais mon œil rassuré;

Je vins, tout froissé des naufrages, Te croyant le port désiré.

Vain espoir ! séduisant mensonge ! Projet si doux sans avenir !

Ah! pour moi vous êtes un songe Que je tremble de voir finir.

Toit paternel, champêtre asile, Lieux de souvenir et d'amour, Loin de vous s’il faut qu’on m’exile Hélas ! ce sera sans retour. Errant aux rives étrangères

Nulle à mes yeux n’aura d’altraits. Vous eûtes mes amours premières, Vous aurez mes derniers regrets.