Rouget de Lisle : sa vie, ses œuvres, la Marseillaise

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qui veulent diriger l'humanité. Nous sommes à l’aurore de la République universelle chantée par Pierre Dupont; dissipons les buées malsaines et les brouillards qui voudraient obseurcir cette aurore.

Chacun dans son genre, Rouget de Lisle et Béranger ont travaillé à cette œuvre. Rouget avait pour ainsi dire prévu l'épopée impériale. Il s’était éloigné de ce milieu adulateur qui la favorisait par égoïsme. Béranger la raillait. Tous les deux sont restés patriotes, le premier, même en s'adressant à l’empereur de Russie, le second, même en défendant Le vaincu de Waterloo. Pour lui l’Empire était la continuation de la Révolution française. L'empereur avec son génie mililaire lui apparaissait comme un météore passager devant lequel s’éclipsait Le passé fangeux des royautés consacrées par la naissance. Si Napoléon a consenti à recevoir sur son front l’huile dela Sainte-Ampoule apportée par le Paraclet à saint Remy, il devait rire en lui-même de cette mise en scène. Il savait bien que pendant la Convention on avait brisé la sainte petite bouteille, il savait bien que le Saint-Esprit n’en avait pas apporté une autre. Mais la pompe religieuse présidée par un Pape est toujours imposante, et la foule, moins crédule aujourd’hui, s’enthousiasmait devant cette mise en scène.

Est-ce que Guillaume I°, au moment de son sacre, n’a pas avec enthousiasme glorifié le Très-Haut qui lui octroyait son pouvoir et le légitimait !!!

Blague et mensonge que tous ces vieux clichés!

On ne pardonna jamais à Béranger qui chansonnait les eapucins, la Vierge etles saints. La chanson qui convient par sa forme et son entrain à ce genre de critique, il l’a portée à son point culminant. Et si plus tard des esprits méticuleux lui ont reproché d’avoir chanté l’Empire et, par ce fait même, d’avoir favorisé la résurrection de cette