Rouget de Lisle : sa vie, ses œuvres, la Marseillaise

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nos armées avaient été vaineues; que c’est sur les fourgons étrangers, suivant l'expression du temps, que les Bourbons rentraient en France, ramenés par les armées étrangères coalisées; il n’avait pu oublier qu'à la capitulation de Paris, le 31 mars, les alliés étaient entrés dans la ville capitale, qu'après l’abdication de Napoléon, le 6 avril, on avait remplacé, par la cocarde blanche et le drapeau blane, nos trois couleurs nationales qui avaient, au chant de la Marseillaise et sous le gouvernement républicain, repoussé les rois coalisés pour étoulter la République naissante.

Le peuple ne pouvait oublier que l’habile et finaud de Talleyrand avait, le 23 avril, dans des conventions d’armistice, réduit les frontières de la France à celles qu’elle avait le 1* janvier 1792; livré aux alliés 53 places fortes, 12 bouches à feu, 31 vaisseaux, 12 frégates.

Devant ces hontes, on comprend qu'un esprit patriote, même républicain, s’indigne et prie l’empereur Alexandre de Russie de nous débarrasser de l’auteur de toutes ces pertes.

L'ensemble de la nation souffre et gémit; l’armée, honteuse de ses défaites, aspire à prendre sa revanche, et l'espérance renaît dans le cœur de tous à la nouvelle du débarquement audacieux de l’empereur. Cet acte d'audace surprend, et l'enthousiasme des premières troupes qui se rallient à lui, à Grenoble, assure le succès de la marche triomphale. Débarqué le 1* mars, Napoléon rentre aux Tuileries le 20.

Le général Ney, chargé par le roi Louis XVIII de repousser l’envahisseur, se trouve impuissant devant l'enthousiasme des troupes, et c’est à Lons-le-Saulnier que, le 13, il est forcéde déclarer à ses soldats que la cause des Bourbons est à jamais perdue.

Or, nous avons exposé plus haut qu'à Lons-le-Saul-