Rouget de Lisle : sa vie, ses œuvres, la Marseillaise

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On lui conseillait d’aller voir M. Van de Dens, général hollandais commandant le département du Jura. On se souvient que Rouget avait été chargé d’affaires diverses, entre autres du Coëningholm, pour la République batave. Mais Rouget, malgré sa pauvre situation financière, avait repoussé la proposition et avec indignation : « Moi, parler à cet homme, dit-il à son conseiller, « non, je connais trop sa platitude. Comment supporte« rait-il mon regard? Je l’ai vu dans un état de pros« tration dont il doit encore rougir. C'était en Hol« lande, on m'y avait envoyé pour l’obliger à faire une « réparation d'honneur à la France au sujet de quelque « méfait de sa façon. Je lui fis écrire cet acte, mais il le « fit avec une telle bassesse que je lui dis : Recom« mencez cela, monsieur, on ne vous demande pas de « vous traîner dans la boue. Voilà, mon cher, « l’homme que vous me conseillez d'aller voir ! »

Rouget de Lisle resta donc avec sa misère le mieux qu'il put. I avait au moins la consolation de vivre dans la maison paternelle et d’avoir sous les yeux les belles campagnes du Jura et dans les oreilles les mélodies qu'il tirait de son violon favori. Mais enfin il fallut céder à la nécessité cruelle de vendre pour liquider.

Le 16 octobre 1817, une saisie immobilière fut faite au nom de M. André, vendeur, pour payement de 9,914 francs restant dus sur le prix des propriétés des frères Rouget. ë

On vendit une maison pour 6,000 francs, une plus petite pour 1,000 francs, et enfin le 16 novembre 1817, en l’étude de M° Jeunet, notaire, une vente volontaire fut faite de la maison principale, des jardins et dépendances de Montaigu, et adjugée à M. Désiré-Guillaume Verguet, ancien capitaine, demeurant aux Poids de Fiole, moyennant la somme de 13,500 francs. Environ moitié

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