Rouget de Lisle : sa vie, ses œuvres, la Marseillaise

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elle est entre les mains de Firmin Didot et doit paraitre au jour de l’an.

Des critiques (il y en a toujours) trouvent que l’auteur aurait dû décrire tous les sites un peu remarquables qui environnent Montaigu. I aurait eu fort à faire! __ Messieurs les critiques peuvent être de bons enfants ; mais malheureusement ils se mettent souvent le doigt dans l'œil, comme on dit vulgairement. Les portes des éditeurs et des théâtres en sont bardées, et souvent leur pédantisme oppose un velo contre des œuvres qui leur passent par-dessus la tête, et sont acclamées du public. Pour un philosophe qui aurait le loisir d'établir leurs bévues, il y aurait une intéressante étude à faire et non à la louange de ces juges qui souvent doivent non à leur talent mais à la faveur le poste qu'ils occupent.

Rouget de Lisle fit donc un voyage à Paris entre les préliminaires de la vente de Montaigu et la vente effective.

On le retrouve à Paris en juillet 1818. Ses relations avec Weiss se continuent avec plus d'intimité: dans leur correspondance ils se traitent en amis et en amis sincères.

C’est le moment où le roi Louis XVII posa la première pierre du piédestal de la statue de Henri IV sur le terreplein du Pont-Neuf. Rouget avait écrit, pendant son séjour à Montaigu et pendant la première Restauration, un chant héroïque sur Henri IV. Quelques-uns de ses rares amis le déterminérent à faire graver ce chant pour la circonstance. Mal lui en prit: aux royalistes, ce chant rappela, avec le nom de Rouget, le chant de la Marseillaise si puissant pendant la Révolution; pour les libéraux, Rouget faisait une palinodie. Des deux côtés le malheureux Rouget fut mal vu. De là un dégoût si profond, qu’il demande à son ami Weiss une place de garçon bibliothécaire. 10.